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Intrapreneuriat : L’innovation est dans la boîte

Le point sur | publié le : 12.11.2018 | Irène Lopez

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Intrapreneuriat : L’innovation est dans la boîte

Crédit photo Irène Lopez

Google autorise ses salariés à consacrer un jour par semaine à un projet autre que celui de leur mission. Le concept a fait des émules auprès de grands groupes français. Pour eux, l’intrapreneuriat est une source d’innovation vertueuse. Peu coûteuse, cette démarche d’entrepreneuriat interne à l’entreprise répond d’abord à une demande des salariés pour qui sens et autonomie sont deux conditions à leur bien-être au travail. L’intrapreneuriat intéresserait plus de 74 % des actifs, selon le cabinet Deloitte. Exemples.

Pour favoriser l’émergence d’idées innovantes au sein du groupe, Nexity s’appuie depuis plus d’un an sur un accélérateur interne, le Startup Studio. Pour sélectionner les collaborateurs porteurs des cinq projets qui seront développés, Nexity a mis en place un concours à l’échelle globale du groupe, baptisé Nex’Idea, permettant à chacun de déposer son idée en lien avec une thématique spécifique.

Attention, l’entreprise n’a pas l’âme philanthropique. Il s’agit d’inventer le produit qui révolutionnera l’immobilier en 2038. Géraldine Gion, directrice adjointe innovation et nouveaux métiers chez Nexity, déclare : « Cet accélérateur est un véritable propulseur d’opportunités pour les collaborateurs du groupe. Qui de mieux que les milliers de salariés de Nexity pour développer des offres innovantes dans l’immobilier ? » Au final, le projet est considéré comme un outil d’animation RH, pour valoriser les carrières et promouvoir la mobilité interne.

Des startups qui « pitchent »

En novembre 2017, disruption du secteur bancaire oblige, la Société générale a mis ses collaborateurs à contribution pour inventer « la banque de demain ». Tout comme Nexity, le groupe a au préalable lancé un appel à projets, un « Internal Startup Call ».

Près de 600 concepts ont été proposés, 144 startups ont été invitées à pitcher devant les membres du comité de direction lors d’un Pitch Day. Inspiré d’un célèbre jeu télévisé où des chanteurs en herbe doivent convaincre des jurés de se retourner sur leur prestation, les salariés de la Société générale devaient convaincre les membres du comité de direction du groupe de devenir leurs sponsors pour être accélérés en mode startup.

70 startups ont été retenues. Pour imaginer et présenter leur projet, les intrapreneurs ont dû plancher en dehors de leurs horaires de travail. Après leur sélection, les collaborateurs retenus sont exemptés de leur service pour se consacrer exclusivement à leur projet. Dans cet exemple aussi, les RH sortent grandis. « L’Internal Startup Call est pour nous une formidable opportunité de questionner nos modes de management, alors même que nous œuvrons à développer dans le groupe de nouvelles façons de fonctionner, plus agiles, plus collégiales, plus horizontales », explique Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société générale.

Projeter son métier

Ces deux récents exemples d’intrapreneuriat ne sauraient faire oublier que cette notion existe en France depuis dix ans. Depuis plusieurs années, le groupe Adeo (Leroy Merlin, Bricoman…) met en œuvre un process appelé Vision, qui permet à chaque collaborateur de projeter son métier à dix ans. Depuis sa naissance en 2008, une cinquantaine d’actions ont ainsi été menées.

Les Café’in permettent à huit collaborateurs d’échanger avec le PDG durant 3 h 30 sans tabou. L’application Feed Back Product, conçue par une collaboratrice du service RH, vise à recueillir les avis en interne sur tel ou tel produit.

Pour le cofondateur de cette expérience, Laurent Vergult : « Une telle démarche développe le sentiment d’appartenance, ce qui a tendance à réduire le turn-over. Aplanir la hiérarchie permet aussi de favoriser les circuits de décisions courts, sources de croissance. »

Des mises en œuvre anecdotiques

Une autre innovation réussie est la cellule de recherche de Pernod-Ricard pour « inventer la convivialité de demain ». Le groupe a créé BIG (Breakthrough Innovation Group) en janvier 2012. Véritable startup interne, elle réunit les meilleurs talents du groupe autour d’une mission : inventer la convivialité de demain. Les salariés ont imaginé un bar à cocktails numérique. Pour cela, ils ont appliqué un des principes fondamentaux de l’innovation : écouter ses clients. La forte appétence pour le « do it yourself » et la nécessité de consommer de façon raisonnée ont conduit à cette idée. Elle sera bientôt testée sur les consommateurs. Ces exemples restent encore anecdotiques et des efforts restent encore à faire.

Faible développement de l’intrapreneuriat

Les conditions de travail non favorables à l’émergence de démarches intrapreneuriales au sein des entreprises peuvent expliquer le faible développement de l’intrapreneuriat. Selon les répondants à l’enquête menée par Deloitte, seulement 9 % des entreprises possèdent actuellement un programme d’intrapreneuriat.

Une source de motivation
Pour les salariés

Une enquête menée par Deloitte, en partenariat avec Viadeo et Cadremploi, auprès de 4 000 personnes, dresse l’état des lieux de l’intrapreneuriat en France. Cette démarche entrepreneuriale, qui se crée et se développe au sein d’une organisation, permet de développer des services ou des produits innovants, ou d’explorer le champ de nouvelles technologies, procédures, stratégies, utilisées par l’entreprise. Perçu aujourd’hui comme une démarche de niche, l’intrapreneuriat est une tendance qui devrait s’étendre dans les prochains mois et les années à venir, et ce pour l’ensemble des secteurs.

Encore méconnu, l’intrapreneuriat concerne peu de personnes : seuls 12 % des répondants sont intrapreneurs, alors que les entrepreneurs sont plus nombreux (38 %). La majorité des répondants qui ont déjà eu une expérience d’intrapreneur se disent prêts à retenter l’aventure. Cette démarche séduit car elle comporte peu de risques, elle n’engage que le savoir-faire du salarié et non ses avoirs financiers et ses biens personnels. Pour ces raisons, 74 % des participants à l’enquête souhaitent commencer la démarche d’intrapreneur d’ici les trois prochaines années. C’est également un bon tremplin pour se lancer dans l’entrepreneuriat : 65 % estiment que leur expérience d’intrapreneur les a incités à devenir entrepreneur.

La démarche intrapreneuriale permet de faire émerger des projets innovants, de stimuler la créativité des collaborateurs, de garantir l’image de marque, d’attirer de nouveaux talents et de contribuer au bon fonctionnement de l’entreprise.

Auteur

  • Irène Lopez