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Les clés

Des effets pervers de la psychologie positive

Les clés | À lire | publié le : 05.11.2018 | Lydie Colders

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Des effets pervers de la psychologie positive

Crédit photo Lydie Colders

Haro sur la psychologie positive. Dans cet essai au titre évocateur (Happycratie), un psychologue et une sociologue déconstruisent « cette pseudoscience » du bonheur, « qui affirme pouvoir façonner des individus capables de faire obstruction aux sentiments négatifs, de tirer le meilleur parti d’eux-mêmes en contrôlant leurs désirs improductifs et leurs pensées défaitistes ». Peut-on affirmer qu’être heureux est une condition de réussite professionnelle et non une conséquence ? Ce livre engagé interroge cette inversion des causes et des effets. Retraçant l’histoire de la psychologie positive née aux États-Unis, les auteurs y voient même un « alibi » qui aurait « servi les intérêts de l’idéologie libérale », en renvoyant à l’individu la responsabilité de sa réussite. Et montrent comment, selon eux, cette culture du « positivisme » s’est diffusée en politique, dans l’éducation ou l’entreprise. Face au besoin de flexibilité, « les apôtres de la psychologie positive ont élaboré des outils censés permettre aux salariés de s’adapter sans difficulté aux changements rapides », comme le coaching ou l’autorégulation des émotions négatives, illustrent-ils. Nourrie de théories anglo-saxonnes, la critique manque de finesse. On y retrouve des exemples rebattus : création de chiefs happiness officers, préférence à recruter des candidats « positifs », jugés plus performants. Mais sur le fond, l’essai donne à réfléchir aux pratiques des managers et des DRH : qu’est-il donc advenu des compétences, face à ce culte du salarié positif et heureux ? Jusqu’à quel point les salariés ont-ils intériorisé cette culture de la psychologie positive ? Pour les auteurs, « les individus ont fini par se persuader qu’en travaillant sur eux-mêmes, ils surmonteraient les difficultés qui leur sont imputées et parviendraient à s’imposer sur le plan professionnel ». Une vision implacable, mais non dénuée d’intérêt.

Auteur

  • Lydie Colders