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Gestion de l’emploi : Vénétis joue la carte du territoire

Le point sur | publié le : 05.11.2018 | Nathalie Tran

En mutualisant les compétences, le groupement d’employeurs breton offre l’opportunité aux salariés de travailler à proximité de chez eux et renforce le potentiel de croissance des PME locales, tout en participant à la dynamique du bassin d’emploi.

L’idée est celle d’un petit groupe d’entrepreneurs bretons, qui recrutaient de manière saisonnière, soucieux de lutter contre la précarité de l’emploi dans le Morbihan. Vénétis est né à Vannes, en 1997, de leur regroupement, dans le but de mutualiser les compétences des salariés qui, eux, vivaient de petits contrats. Et de reconstituer ainsi des pleins-temps à partir de morceaux d’emplois. Aujourd’hui, cette société à statut associatif, présente également à Nantes, Lorient et Saint-Nazaire, réunit 327 entreprises adhérentes, principalement dans le secteur tertiaire, et emploie 133 personnes en contrat à durée indéterminé (CDI) partagé. Des femmes pour plus de 80 % d’entre elles, fortement attachées à leur territoire et qui ont fait le choix d’exercer à temps partagé afin d’y rester. « La grande majorité a entre 40 et 50 ans et une très grande maturité sur leur métier et leur projet de vie », remarque Philippe Victoria, le directeur général. Vénétis recrute dans cinq grands domaines : la gestion et finance, la QHSE (qualité, hygiène, sécurité et environnement), les ressources humaines, la communication et le marketing (le community management et le webmarketing, notamment) et l’industrie. Tous les salariés ont des profils d’experts : « Le travail à temps partagé n’est pas ouvert à des novices », précise Philippe Victoria. Parmi eux, 20 % exercent dans les ressources humaines. Ceux-ci partagent leur emploi du temps entre deux adhérents au minimum – essentiellement des petites entreprises qui n’ont pas les moyens d’embaucher un collaborateur à temps plein – et auxquels l’association facture un service chaque mois. Mais ils n’ont qu’un seul employeur : Vénétis. Le groupement s’engage à leur proposer immédiatement un nouveau poste, lorsque l’une des entreprises dans laquelle ils sont mis à disposition met fin au contrat. « Tous les mois, nous devons gérer trois ou quatre ruptures, et trouver une solution pour les collaborateurs », explique Philippe Victoria. La principale difficulté pour le directeur général n’est toutefois pas d’arriver à matcher les compétences de ses salariés avec les besoins des sociétés adhérentes mais de conserver ses talents qui, bien souvent, sont finalement débauchés par la société utilisatrice. Pour proposer aux cadres des emplois pérennes, sur cette base, le groupement d’employeurs s’appuie sur les réseaux locaux. À commencer par les collectivités territoriales, qui voient dans ce nouveau mode de travail un outil innovant de recrutement et d’anticipation des compétences. Une manière, en effet, de garder les talents dans la région. « Nous sommes des pourvoyeurs de compétences du territoire », souligne Philippe Victoria.

Un réseau “métier” pour se rencontrer entre pairs

Comme n’importe quels autres salariés, les collaborateurs de Vénétis bénéficient d’une mutuelle, d’un comité d’entreprise et de la formation continue. Une particularité néanmoins : le contrat de base proposé par le groupement est un 4/5e. « Nous avons fait ce choix car nous nous sommes aperçus que beaucoup de femmes nous demandaient un 4/5e pour élever leurs enfants et souhaitaient ensuite le conserver alors même que ceux-ci étaient grands. Elles étaient aussi les plus satisfaites, restaient le plus longtemps chez nous et étaient moins souvent absentes. C’est un bon deal, cela leur permet d’avoir 52 jours à elles par an. Toutefois si un de nos collaborateurs souhaite travailler à temps plein, cela reste possible », explique Philippe Victoria. Cerise sur le gâteau : les salariés sont suivis par un responsable de territoire qui peut les aider à diagnostiquer une situation dans l’entreprise adhérente et disposent, par ailleurs, d’un réseau « métier » qui leur permet de se rencontrer entre pairs et d’échanger sur leurs pratiques, ce qui leur permet aussi de rompre leur isolement.

Auteur

  • Nathalie Tran