logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

Épitaphes

Chroniques | publié le : 05.11.2018 |

Image

Épitaphes

Crédit photo

Philippe Détrie la maison du management

Voici une chronique de saison pour le 2 novembre qui célèbre depuis le XIe siècle la fête des fidèles défunts. La tradition est de se rendre au cimetière pour honorer ses morts. C’est parfois l’occasion de découvrir des épitaphes, textes courts originellement rimés et souvent inspirés de la vie du défunt. Certaines épitaphes allègent avec humour le chagrin de visiteurs endeuillés, histoire de ne pas laisser un souvenir trop douloureux à ceux qui restent. Pour nous préparer, en voici un florilège dont quelques-unes reprises du net.

Épitaphes écrites de son vivant

Je vous l’avais bien dit que j’étais en burn-out

Désolé les gars.

Finissez sans moi.

J’ai tué le temps au travail, il s’est vengé.

Enfin mes trois activités favorites : dormir, ne rien faire et ne plus penser à mon chef.

Je ne serai plus jamais en retard au bureau.

Le codir m’a tuer.

Dans mon travail j’ai toujours voulu m’éclater à fond. Ma présence sous cette dalle prouve que j’ai plus que réussi.

Tu bosses ? Tu meurs.

Tu ne bosses pas ? Tu meurs quand même.

Alors va doucement le matin et pas trop vite l’après-midi.

Épitaphes écrites par les proches du défunt

Jean rêvait de rimer son épitaphe.

Il glissa dans l’atelier et puis paf.

Adieu manager.

Si là-haut tu gères.

Pense à nous sur terre.

C’est toujours l’enfer.

Ci-gît Maurice le bienheureux.

Il a passé sa vie à tripler la marge brute de barges brutes

Ci-gît un patron infernal.

Qui fit plus de mal que de bien.

Le bien qu’il fit, il le fit mal.

Le mal qu’il fit, il le fit bien1.

A notre boss pourri jusqu’au trognon.

La réalité dépasse l’affliction.

Retour franco à l’expéditeur.

Ses amis de La Poste.

Ci-gît notre chef : qu’enfin il se vautre.

Autant pour son repos que pour le nôtre.

Enfin repose notre dircom.

Elle se taira pour la première fois.

À notre ami électricien.

Il s’est éteint sans jamais avoir trouvé la lumière.

À notre pdg mort après un an de fonction.

Toute l’entreprise reconnaissante.

Ci-gît le fondateur de CJP.

Inconsolables sont ses employés.

La vente continue au 15 rue du Gué.

Ci-gît notre vieux chef comptable Isidore qui dort. La paresse nous l’avait ravi avant la mort.

À notre client bien-aimé.

La dernière échéance signa sa déchéance.

À notre vil financier

Qui nous a abandonnés

Sans dividendes et sans primes

Avec dettes et grosse déprime.

Notre DRH ne voulait que notre bonheur.

Sa mort l’a bien prouvé.

Pas d’épitaphe.

C’était un DAF.

Ci-gît l’auteur de tous nos maux.

Dont à présent la boîte abonde.

Ne priez pas pour son repos,

Puisqu’il l’ôtait à tout le monde2.

Elle a vécu cadre accorte.

Elle a fini nature morte.

Autres épitaphes perles de vie

Enfin seul3

Sincèrement, vous croyez que j’ai la faculté d’apprécier les fleurs ?

La raison du plus mort est toujours la meilleure.

J’ai ma réponse à toutes les questions d’ailleurs.

Être ou avoir, telle n’est plus la question.

Venez, ça grouille de vie intérieure.

Si pour vivre heureux, vivons cachés.

Pour mourir heureux, gisons couchés.

Allez les vers.

Il préféra

À l’eau-delà

Le vin d’ici

Il finit cuit.

(1) Isaac de Benserade, gentilhomme normand, 1612-1691, à propos de Richelieu : « Ci-gît un fameux cardinal… ».

(2) Epitaphe de Colbert (1619-1683) : « Ci-gît l’auteur de tous impôts – Dont à présent la France… ».

(3) Armand Fernandez (1928-2005) : Cimetière du Père-Lachaise.