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Sur le terrain

Implantation : Pingat se développe en misant sur la proximité

Sur le terrain | publié le : 15.10.2018 | Lucie Tanneau

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Implantation : Pingat se développe en misant sur la proximité

Crédit photo Lucie Tanneau

Déçu du rachat de la société familiale, créée en 1946, par un groupe international, Arnaud Pingat a décidé de quitter Paris pour remonter, depuis Reims, une société d’ingénierie basée sur la proximité des équipes, des clients et des marchés, ce qui implique des bureaux décentralisés et une organisation RH complexe.

L’histoire avait bien commencé. Quand André Pingat fonde la société Pingat ingénierie en 1946, les carnets de commandes se remplissent vite. Après deux générations, la société atteint son apogée dans les années 1990, avec 150 salariés. Lorsque le Canadien SNC Lavalin l’acquiert en 1996, Arnaud Pingat, le petit-fils du fondateur, quitte Reims pour les bureaux parisiens. « Pendant quinze ans, la société se développe de manière exponentielle, jusqu’à atteindre 3 000 personnes », raconte-t-il. Mais la crise se fait jour et des problèmes surviennent, particulièrement au Moyen-Orient. Arnaud Pingat, qui ne se sent plus en adéquation avec les valeurs de l’entreprise, décide en 2012 de refaire ses cartons pour Reims : « Je suis reparti de rien, avec 10 personnes, en misant sur ce qui avait fait le succès des deux générations précédentes : la proximité. L’ingénierie est un métier de proximité, avec des compétences fortes nécessaires à l’acte de construire », croit-il. Son idée : proposer le maximum de compétences aux clients, en rassemblant ingénieurs et architectes.

Trois étapes font grandir la société rapidement. Le rachat fin 2012, à Lille, d’une société spécialisée dans le « contract » (études, maîtrise d’œuvre et travaux clé en main). Le retour vers les clients de son grand-père, « céréaliers, sucriers et viticulteurs de Champagne, vers qui le groupe international n’allait plus ». Arnaud Pingat « va rechercher les clients historiques un par un ». Fin 2014, ils sont 20 salariés dans la branche agro-alimentaire à miser sur l’histoire et le nom pour rebondir. Enfin, il reprend une société d’ingénierie, Bâtiment énergie assistance (BEA), à Metz, au bord de la liquidation judiciaire. Il récupère les dettes, mais surtout 80 personnes et leur expertise, et des bureaux, à Metz, Charenton et Marseille.

Des équipes sur mesure

Le maillage local permet d’utiliser la recette du passé : être proche des clients. « Toutes les agences n’ont pas les mêmes compétences, car elles dépendent des collaborateurs, mais toutes, en revanche, ont des affinités de clientèles », décrit Arnaud Pingat. À Strasbourg, ouvert depuis avril 2018, l’industrie. À Metz, le logement et les marchés publics. À Charenton, les équipements publics. Et à Reims, les bureaux et hôtels. « Pour l’agro-alimentaire, nous avons aussi ouvert des bureaux de deux personnes à Lorient, Bordeaux et Lyon : ils cherchent des affaires, qui sont ensuite étudiées à Reims. » Le BEA « est un métier de proximité, où il faut connaître les décideurs politiques pour décrocher des marchés publics », décrit le directeur général. « Même si, sur Paris, les contacts sont moins privilégiés », Pingat décroche le laboratoire de la police scientifique de Paris, le futur hémicycle d’Île-de-France.

Aujourd’hui, le groupe compte 125 personnes. Et le directeur général constitue des dream teams par projet. « L’idée est de piocher les compétences à droite et à gauche pour réaliser des équipes sur mesure capables de décrocher les marchés et de bien réaliser les projets après », décrit le fondateur. « Les expertises de Metz ne sont pas celles de Charenton, donc je n’ai pas une équipe type avec un chef de projet et des ingénieurs. L’équipe «réseaux » de Metz travaille sur l’ensemble des projets avec ces compétences-là. La taille de l’entreprise fait qu’on ne se perd pas dans des niveaux hiérarchiques : nous sommes en majorité dans le quart nord-est de la France donc les responsables d’agence se voient régulièrement en réunion physique pour les parties opérationnelle et commerciale, et on organise un Comex et un Codir une fois par mois. » Arnaud Pingat se déplace aussi à la rencontre des clients avec ses chefs de projet.

« On vend une expertise et des talents, donc les ressources humaines sont primordiales, reconnaît le directeur général qui gère les recrutements et les formations, épaulé de deux directeurs adjoints. La mise en place du BIM – building information modeling – nous a obligés à revoir notre copie : c’est une révolution dans la manière de concevoir le bâtiment. » Désormais, les dessins ne se font plus en 2D mais en 3D. Une quinzaine de personnes ont été formées par un spécialiste du BIM en interne. Et le groupe a créé un intranet pour permettre à cette nouvelle communauté d’échanger régulièrement. « Les passionnés font profiter les autres de leurs compétences, résume Arnaud Pingat. Dans notre métier où l’expertise technique est essentielle, on ne peut pas être mono-produit ou mono-région. On le voit sur le logement, qui était bien reparti, les annonces gouvernementales ont tout stoppé net. Donc il faut être au plus près des marchés et des clients, et anticiper les changements de conjonctures et les secteurs qui vont se développer », conclut Arnaud Pingat.

Auteur

  • Lucie Tanneau