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Charte : Tunisie telecom : « allo… suresnes… »

Le point sur | publié le : 15.10.2018 | L. Z.

La révolution de 2011 a stimulé les revendications des salariés. Pour s’assurer d’un dialogue social efficace et responsable, l’opérateur historique du pays a signé une charte pour le formaliser en juillet 2018.

«Nous avons eu beaucoup de difficultés », avoue Nabil Hammami, secrétaire général de Tunisie Telecom. Revendications salariales, grèves à répétition, reproche sur un manque de transparence, grogne générale : les 6 500 salariés de l’opérateur historique du pays, stimulés par les nouvelles exigences sociales, économiques et politiques de la société civile issues de la Révolution de 2011, voulaient tout, tout de suite, de la part de l’entreprise publique, qui a pour actionnaires l’État tunisien (à hauteur de 65 %) mais aussi Emirates International Telecommunications (à 35 %), une société d’investissement de Dubaï. Il a donc fallu réagir, face à ce qu’il appelle un « déséquilibre des forces ». D’autant que la société devait également faire face à la concurrence accrue d’Orange et de l’opérateur qatarien Ooredoo (par ailleurs sponsor du PSG) sur son propre marché. « Nous avons voulu mettre un cadre qui canalise de dialogue social dans l’intérêt général de l’entreprise, résume Nabil Hammami. Il s’agit d’assurer la pérennité de l’entreprise, et mieux, de reprendre des parts de marché – Tunisie Telecom étant aujourd’hui en deuxième position sur le mobile », poursuit le secrétaire général de Tunisie Telecom, en parlant de la démarche qui a abouti en juillet 2018 à la signature, avec le syndicat dominant dans l’entreprise publique, l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), d’une charte sur le dialogue social.

Changement d’attitude

Avant cela, en octobre 2014, le gouvernement tunisien avait déjà signé un mémorandum d’accord avec la ville de Suresnes relatif au développement du dialogue social dans le secteur public. Ensuite, un premier accord sur le dialogue social avait été signé dans une petite entreprise de transport d’hydrocarbures, comptant seulement 350 salariés. La charte de Tunisie Telecom est donc une première dans une grande administration. S’il est encore trop tôt pour constater les bienfaits de la charte à Tunisie Telecom, qui s’appuie sur des principes tels que le développement social, la transparence, le respect, la résolution des conflits par la négociation, la culture de l’excellence et celle du leadership, Nabil Hammami observe que des progrès ont déjà été réalisés. « Dès les négociations, nous avons remarqué un changement d’attitude de la part du syndicat, dit-il. Plus constructive, plus responsable, plus encline à préserver l’intérêt général de l’entreprise. » Une attitude de nature à bénéficier à tous les salariés, mais qui n’allait apparemment pas de soi en 2011 et 2012, lorsque la société a connu 57 jours de grève… Tunisie Telecom a aussi joué le jeu de la transparence. « Nous nous sommes par exemple engagés à communiquer les résultats de l’entreprise au syndicat et nous le faisons », déclare le secrétaire général. De quoi accroître la confiance entre les parties, mais aussi donner des explications sur ce qu’il est possible de lâcher, en particulier en matière d’augmentation de salaires, et ce qui ne l’est pas… Toujours est-il que « les esprits se sont apaisés », assure Nabil Hammami.

Réforme

Et c’est tant mieux, puisque Tunisie Telecom s’embarque maintenant dans une nouvelle aventure, celle d’une grande réforme et d’une transformation de son mode de fonctionnement, qui impliquera largement les ressources humaines et testera sans aucun doute la qualité du dialogue social. La société prépare déjà les esprits. « Nous avons organisé des visites avec les représentants syndicaux chez Orange et Deutsche Telekom, explique le secrétaire général, pour faire œuvre de pédagogie auprès des salariés. » Et la charte sur le dialogue social pourrait aider à la mise en œuvre de cette transformation, du fait qu’elle inclut la formation professionnelle, scientifique et l’apprentissage. Mais attention, « la charte n’est qu’un processus, un cadre pour le présent et l’avenir », prévient Nabil Hammami. Son but ? « Que ce cadre pour un dialogue social constructif et efficace soit un héritage pour les générations futures », conclut-il.

Auteur

  • L. Z.