L’Action de formation en situation de travail (Afest1), un dispositif de formation réalisé in situ sur le lieu de travail, a été intégrée à la loi « Avenir professionnel » et pourrait être déployée dans les pactes régionaux des compétences. Une expérimentation, menée de 2015 à 2018, permet d’en définir les contours.
Nous tirons un bilan positif des retours sur les expérimentations menées dans 50 entreprises. À l’issue de l’expérience (70 personnes formées sur leur lieu de travail), il ne nous est pas encore possible d’élaborer un schéma type d’Afest, mais nous en avons appris assez pour établir l’ébauche d’un cahier des charges : en premier lieu, la réussite d’une action de formation en situation de travail implique qu’elle soit bien différenciée d’autres types de formation « sur le tas ». Ensuite, elle doit être précédée d’une phase de repérage destinée à identifier toutes les situations de travail qui peuvent devenir apprenantes. Enfin, un accompagnement des personnes engagées dans le processus est indispensable. Sur ce dernier point, d’ailleurs, nous étions nombreux, en 2015, à juger que le N + 1 n’était pas la personne idéale pour faire fonction d’accompagnateur ou qu’une modification préalable de la législation concernant la définition de l’action de formation était nécessaire à son efficacité… Sur ces deux points, l’expérimentation a démontré que nous avions tort !
Ce serait le plus logique, mais pour l’instant, rien n’est écrit. Si nous nous réjouissons que le principe de l’Afest ait été repris dans la loi « Avenir professionnel », nous serons cependant vigilants sur le futur décret qui l’encadrera et sur l’identité de l’instance qui pourra servir d’ensemblier sur ce type d’actions de formation.
Sur les treize Opca ayant répondu présent lorsque nous les avons sollicités, onze ont mené l’expérimentation à son terme auprès d’entreprises de leur champ. Il est vrai que le périmètre des futurs Opco interroge, notamment sur le volet financier puisque les opérateurs de compétences ne pourront plus financer la formation des entreprises de plus de 50 salariés. Mais rien ne les empêchera d’agir en tant que conseillers en ingénierie de formation auprès des plus grandes ! En outre, rien n’empêche les branches professionnelles, si elles sont tentées par le déploiement de l’Afest, de prévoir dans leurs conventions la possibilité de versements extralégaux pour financer ces actions, avec le soutien des Opco.
Les bénéfices annexes sont nombreux. Sur l’entreprise, déjà, puisque le déploiement d’une Afest permet d’établir de nouvelles relations entre managers et salariés, ce qui peut entraîner des conséquences positives sur la relation managériale et le dialogue interpro entre les N + 1 et leurs équipes. Pour le dialogue social, ensuite, puisque le déploiement d’Afest va devoir nécessiter la coordination des directions et IRP. Pour les demandeurs d’emploi, enfin. Plusieurs régions nous ont indiqué vouloir utiliser ce dispositif pour favoriser la formation de chômeurs directement dans les entreprises locales. Jean-Marie Marx, haut-commissaire à la transformation des compétences, a indiqué qu’il était prêt à intégrer l’Afest aux pactes régionaux signés dans le cadre du plan d’investissement compétences (PIC). C’est bon signe.
Cnefop
Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles.
Copanef
Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation.
FPSPP
Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels.
(1) Voir n° 1395/1395 du 16 juillet 2018.