Un accord social national unanime. Voilà ce que La Poste, la CFDT, la CGT, SUD, FO et CFTC-CGC-Unsa ont réussi à établir. Il prévoit le développement du télétravail et sa validité court de 2018 à 2022.

Ce n’est pas une première pour le groupe La Poste, qui compte déjà 2 000 télétravailleurs depuis la signature d’un premier accord sur ce sujet, le 25 juin 2013. Ce second texte est né de la volonté des syndicats qui, l’automne dernier, ont demandé un nouvel accord sans remettre en cause le premier. Message reçu par l’employeur, donc, avec une conséquence dont se félicite Jean-Yves Petit, directeur des relations sociales, des règles RH et des instances réglementaires nationales : « Cette négociation s’est déroulée dans une atmosphère constructive de la part des organisations syndicales, et volontariste de celle de La Poste. »

Sur le fond, l’accord enrichit l’offre des formes du télétravail offertes. Bien sûr, le télétravail régulier continue d’exister. Il est de deux jours par semaine, ou de l’équivalent sur un mois. Il peut monter à trois jours pour les personnes handicapées, celles âgées de plus de 55 ans, ou les aidants familiaux. Mais un télétravail flottant est aussi mis en place, et il peut atteindre 25 jours par an. Enfin, en cas d’intempéries ou de difficultés dans les transports par exemple, un télétravail occasionnel est aussi disponible. Dans tous les cas, il peut s’effectuer à domicile, ou dans un centre de proximité, postal ou non.

Il aura fallu à peine plus de trois mois, du 6 avril au 17 juillet, pour parvenir à cet accord, signé avec un triple objectif : mettre en place de nouvelles modalités d’exercice, simplifier les procédures et, logiquement, le développer. « Nous souhaitons que ce mode d’organisation soit pratiqué et partagé par le plus grand nombre de postiers éligibles, explique Jean-Yves Petit, car le télétravail est bénéfique en matière de santé et sécurité pour les télétravailleurs. » Au cours d’enquêtes internes, réalisées au sein du groupe en 2014 et 2017, 75 % des agents interrogés observaient en effet un moindre stress lié aux déplacements, 70 % affirmaient être moins stressés par leur travail ou près de neuf sur dix (88 %) plébiscitaient une meilleure conciliation vie privé/vie professionnelle.

L’employeur y trouve aussi son compte, puisque ces mêmes personnes interrogées témoignent d’une meilleure productivité. 86 % d’entre elles estiment que cela renforce leur capacité d’analyse et de veille, tandis que 82 % précisent mieux se concentrer ou que 79 % en profitent pour travailler des dossiers de fond. Productivité, donc, mais aussi autonomie, une forme de reconnaissance appréciée par les salariés : « Le télétravail implique un nouveau rapport au travail et un nouveau modèle managérial, fondé sur la confiance et l’autonomie », observe Jean-Yves Petit.

Et à l’en croire, cela fonctionne ! Puisque La Poste entend développer le télétravail. Le nouvel accord a ainsi prévu la mise en place de référents, au sein du service RH, qui pourront accompagner les candidats au télétravail et leurs responsables hiérarchiques. Et pas question que cette nouvelle organisation ne concerne que les cadres : « Nous nous référons aux activités des postiers et plus seulement à leurs fonctions », souligne Jean-Yves Petit. Une façon de permettre à ceux dont une partie du travail consiste à être en contact avec la clientèle, par exemple, de regrouper des activités autres sur quelques jours pour les réaliser à distance. Sur les 2 000 télétravailleurs déjà existants, 10 % ont un niveau équivalent à celui d’un ouvrier, et 20 % à celui d’un employé. Ainsi La Poste ne se donne pas d’objectif chiffré mais affiche une volonté de toucher l’ensemble de ses agents.

• Cinq branches : Service courrier et colis, Banque postale, Réseau La Poste, GeoPost et Numérique ;

• 250 000 collaborateurs ;

• Un chiffre d’affaires de 23,294 milliards d’euros en 2017.