L’institution rejoint d’autres multinationales qui vont au-delà des cadres légaux un peu partout dans le monde.
Et si les multinationales se substituaient aux États ? Ce ne serait pas la première fois… Cette fois-ci, en tout cas, c’est pour la bonne cause, et celle des femmes en particulier, que BNP Paribas a annoncé un accord global bénéficiant à l’ensemble de ses 200 000 salariés dans le monde. Signé avec UNI Global Union (une fédération syndicale internationale), l’accord porte sur sept thématiques relatives aux droits fondamentaux au travail et à la mise en place d’un socle social mondial. Entre autres règles communes, l’accord offre un congé maternité payé de 14 semaines minimum, ainsi qu’une assurance décès, incapacité/invalidité et un régime de couverture des frais de santé. L’accord sera déployé sur trois ans dans les 73 pays où la banque est présente.
Une façon « de continuer à améliorer la qualité de vie et les conditions de travail au sein du groupe », note Renato Martinelli, porte-parole de l’institution sur cette initiative qui englobe également la responsabilité sociale et environnementale, et d’approfondir les engagements de la banque en matière de diversité et de soutien aux carrières féminines en son sein.
Sans oublier que cette action (et d’autres avant elle) montre la voie aux États. En effet, aux États-Unis, où la banque est présente à New York et en Californie, la loi (de 1993) exige de la part des employeurs 12 semaines de congés, non payés, pour les mères de nouveaux nés ou d’enfants nouvellement adoptés. Si certaines entreprises américaines font plus, bien entendu, les États-Unis font cependant partie des pays les plus « pingres » en matière de congé maternité, et le seul pays de l’OCDE à n’avoir pas passé de loi exigeant des employeurs un congé maternité payé.
BNP Paribas n’est pas la seule multinationale à s’être engagée dans la voie de règles communes à l’échelle de la planète, de nature à bousculer les standards nationaux. Dès 2015, le Britannique Vodafone est devenu l’une des toutes premières entreprises mondialisées à offrir, à toutes les salariées du groupe, un congé de 16 semaines minimum payées, de même qu’un salaire complet pour une semaine de 30 heures seulement pendant les premiers six mois suivant leur retour de congé maternité, dans 30 pays où la société est présente. En 2017, le Franco-Belge Solvay a introduit le Solvay Cares, un ensemble d’avantages pour les 30 000 salariés du groupe chimique, allant, selon la direction, « au-delà du droit du travail local, et assurant ainsi le bien-être de tous les collaborateurs où qu’ils soient dans le monde ». Parmi les avantages offerts par le groupe Solvay, un congé maternité payé de 14 semaines pour la mère, et une semaine pour le co-parent. À cela s’ajoute une prise en charge d’au moins 75 % des frais médicaux en cas d’hospitalisation ou de maladie grave, en supplément des mesures publiques de protection santé, une assurance invalidité couvrant deux ans de salaire, et une assurance vie équivalent à deux ans maximum de salaire pour le partenaire ou la famille affectée. Ce qui signifie que, comme dans le cas de BNP Paribas, l’initiative de Solvay rehausse le standard en matière de congés maternité aux États-Unis, par exemple, de même qu’elle introduit un système d’assurance invalidité là il fait défaut, en Chine ou en Pologne, et un régime d’assurance vie où, en Inde ou en Russie, rien n’existe au niveau de l’État.
Enfin, toujours en 2017, Rio Tinto, le géant minier anglo-australien, a annoncé, sur le sol américain, qu’à partir du 1er octobre 2017 se mettaient en place de nouvelles règles communes en ce qui concernait les congés parentaux pour tous ses salariés. Le nouveau minimum est de 18 semaines de congés assortis de l’intégralité du salaire, à la suite de la naissance d’un enfant ou d’une adoption. « Pour offrir plus de flexibilité aux nouveaux parents, précisait le communiqué de presse, les 18 semaines seront offertes à un salarié désigné comme le principal « soignant » pour l’enfant, mais le programme n’est pas lié au genre. Des salariés qui choisissent d’être le « soignant » secondaire recevront quant à eux une semaine de congés payés dans la première année de la naissance ou de l’adoption. » La récente initiative de BNP Paribas va de pair avec une volonté de militer pour l’égalité femme/homme, illustrée par son partenariat avec le mouvement HeForShe, lancé par l’ONU et visant à inviter des hommes à militer pour l’égalité.