Entre un taux de chômage élevé, une croissance faible et une dette abyssale, la France porte encore les stigmates de la crise économique. « Plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes et d’identifier les véritables causes de l’état économique de la France, on a jeté en pâture notre modèle social », déplorent Éric Heyer, Pascal Lokiec et Dominique Méda. Hyperprotecteur, rigide, obsolète… Le Code du travail serait responsable de ce marasme. Appartenant au vieux monde, il empêcherait de licencier, dissuaderait les entreprises d’embaucher et les sociétés étrangères d’investir. Autant de postulats auxquels s’attaquent ces experts. Chiffres à l’appui, ils égratignent au passage les récentes réformes qui sous couvert de lutter contre le chômage et de remettre la France « en marche » dérégulent le marché du travail et cassent les droits des salariés. Dans leur viseur, la primauté de l’accord collectif et le plafonnement des indemnités prud’homales. « Les ajustements opérés ces dernières années ont un peu plus précarisé le travail et la main-d’œuvre, aggravant la fracture sociale et territoriale », accusent-ils. Face à l’échec de ces politiques qui réussissent seulement à dégrader les conditions de travail, les auteurs appellent à emprunter en urgence « une autre voie ». Leurs priorités : investir dans la qualité des emplois, réhabiliter le salariat et anticiper les transitions économiques et écologiques à venir.