Ils étaient fiers de leur succès et convaincus de changer le monde. Voici que les professionnels de la Teck, dans la Silicon Valley, s’inquiètent de leur puissance, ou plutôt, de celle de leurs employeurs. Au point de transformer ces états d’âme en revendications politiques, portées par des syndicats. Dernier exemple en date, sur une liste encore peu fournie, certes, mais qui montre néanmoins l’émergence d’un phénomène nouveau, l’émoi de 1 400 salariés, qui ont signé une lettre et l’ont fait circuler sur les forums internes de Google, exigeant plus de transparence sur les décisions de l’entreprise et ses implications en termes d’éthique, le tout dans le sillage d’informations selon lesquelles Google développait une version censurée de son moteur de recherche pour les besoins du gouvernement chinois… L’initiative n’a pas encore porté ses fruits, mais l’affaire a au moins été mise sur la place publique, le New York Times s’étant fait écho de cette lettre. D’autres démarches ont déjà, en revanche, fait mouche. C’est le cas de la démission, l’an dernier, d’une douzaine de salariés de Google, pour montrer leur désapprobation envers leur employeur, qui, dans le cadre d’un contrat avec le Pentagone, utilisait des techniques d’intelligence artificielle développées au sein de l’entreprise pour les intégrer dans des drones à visées militaires. Résultat de ce signal fort envoyé par les salariés, Google n’a pas renouvelé son contrat avec les autorités militaires américaines.