logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Canada : Le stress post-traumatique reconnu comme maladie du travail

L’actualité | publié le : 24.09.2018 | Ludovic Hirtzmann

L’idée de reconnaître que le travail peut être une cause directe du trouble de stress post-traumatique fait son chemin. Au Canada, sept provinces ont adopté des lois en ce sens. Dernière en date, l’Île-du-Prince-Édouard.

L’Alberta dès 2012, puis la Colombie-Britannique, suivie du Manitoba. Sont venus ensuite, en 2016, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et la Saskatchewan et enfin, en mai dernier, l’Île-du-Prince-Édouard. Dans tous les cas, il s’agit de reconnaître, pour sept provinces – sur les dix (ainsi que trois territoires) que compte le Canada – le lien entre travail et trouble de stress post-traumatique (TPST). Avec des différences en fonction des législations provinciales. Ainsi, le Manitoba et la Saskatchewan couvrent tous les salariés, quels qu’ils soient, les autres provinces privilégiant les premiers intervenants (pompiers, équipes médicales, gardiens de prison, etc.). S’il est d’usage de penser que les militaires en opération sont les principales victimes des troubles de stress post-traumatique, une étude de 2008, réalisée par l’université McMaster, près de Toronto, a mis en lumière le fait que l’exposition à un seul évènement traumatique peut s’avérer suffisante pour causer des troubles chez 76,1 % des personnes interrogées, tous métiers confondus. Au point d’inciter les chercheurs à estimer que le taux de trouble de stress post-traumatique, quel que soit le secteur d’activité, se situerait à près de 10 % au Canada…

Les provinces formant désormais une « masse critique » au point de vue législatif, les autorités fédérales ont été poussées à agir. Au moins pour les premiers intervenants. Ainsi, en mars dernier, le ministère fédéral de la Santé publique a annoncé un plan d’action à venir pour lutter contre les TPST, ainsi que le versement de 30 millions de dollars canadiens à l’Institut de recherche sur la sécurité publique et la protection civile de l’Université de Régina, dans la Saskatchewan, pour étudier le sujet. Et pour confirmer cette prise de conscience, Ralph Goodale, ministre fédéral de la Sécurité publique et de la Protection civile, a martelé que les premiers intervenants « se mettent en danger pour protéger les Canadiens et risquent, à ce titre, de développer des troubles de stress post-traumatique. Nous devons faire plus pour préserver leur santé mentale et leur bien-être ».

Au Québec, province qui ne dispose pas d’une loi sur la prise en charge de ces traumatismes, un employeur majeur, le Service des pompiers de Montréal, a mis en place un plan d’action pour que les pompiers soient rapidement pris en charge en cas de situation de stress. Sur 2 400 pompiers, 400 ont révélé avoir ressenti des troubles dus à des incidents traumatisants. Dès cet automne, ces derniers disposeront d’un centre de soutien post-traumatique.

Écouter, rencontrer l’employé

L’entreprise doit aussi nouer un accord avec un service d’aide psychiatrique. Selon le cabinet de conseil Gowan Consulting, spécialisé dans les maladies du travail, « il est important pour un employeur de se donner les moyens de détecter les symptômes de cette maladie chez un collaborateur. Parmi ceux-ci, un changement de comportement et une baisse de la performance ». Le cabinet conseille ainsi aux employeurs de rencontrer le salarié, pour s’assurer qu’il s’agit de quelque chose de profond, allant bien au-delà d’un moment de déprime passager ou d’une mauvaise semaine. En outre, les RH se doivent également de rencontrer les représentants syndicaux. En parallèle, les spécialistes des ressources humaines pourront s’adjoindre les conseils de psychologues. Sans oublier de préparer le retour du collaborateur, avec des horaires aménagés, par exemple, une fois l’épreuve surmontée.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann