Finis les schémas du « 9 to 5 » à l’anglaise. Le cabinet d’audit et de conseils PWC a décidé de bouleverser les codes en annonçant la création fin août outre-Manche du Flexible Talent Network (littéralement, le réseau de talents flexibles). Au lieu de poser leurs candidatures pour des rôles spécifiques, les professionnels intéressés détaillent leurs compétences et choisissent leurs horaires de travail sur un site dédié. Les profils demandés sont très variables : l’entreprise recrute des gestionnaires de projets spécialisés dans le numérique ou l’informatique tout comme des spécialistes de l’assurance ou de la fiscalité. PWC est également à la recherche d’auditeurs expérimentés susceptibles d’épauler les salariés permanents lors des périodes d’audit chargées. Durant ces périodes, qui s’échelonnent en général à compter du 1^er octobre et pendant trois à six mois, les candidats recrutés occupent des postes de managers ou d’associé principal (senior associate), en fonction de leur expérience. Les deux parties s’accordent ensuite sur les clauses des contrats, y compris le nombre de jours travaillés souhaités : les candidats peuvent aussi avoir droit à des congés payés, percevoir des indemnités dans le cadre de congés maladie, une retraite ainsi qu’une rémunération variable en fonction de la durée du contrat. « Les gens supposent que le travail dans de grandes entreprises exige qu’ils suivent des méthodes de travail traditionnelles, explique Laura Hinton, responsable des RH au sein de PWC, nous voulons clairement indiquer que cela n’est pas le cas. Afin de recruter les meilleurs professionnels, nous reconnaissons qu’il faut leur proposer une plus grande flexibilité, des options de travail différentes et une voie pour ceux qui désirent reprendre une activité professionnelle. » La création de ce dispositif fait suite à un sondage mené par PWC sur 2 000 personnes outre-Manche, dont près de la moitié (46 %) placent le travail flexible et une bonne conciliation entre vie professionnelle et vie familiale au rang des facteurs les plus importants quand il s’agit de postuler pour un emploi.

L’initiative a d’ailleurs suscité un vif intérêt de la part des professionnels : depuis son lancement, plus de 2 300 personnes se sont inscrites sur cette plateforme. Et, selon un porte-parole de PWC, « les backgrounds en conseil en management offrent jusqu’à présent le plus fort contingent, suivis par des profils d’auditeurs et de spécialistes en technologie ». Parmi les exemples de recrue, la BBC cite le cas d’une étudiante souhaitant concilier sa formation d’analyste financière à Londres avec l’éducation de ses deux jeunes enfants. L’entreprise lui a accordé un contrat de travail de 100 jours dont elle a utilisé 10 jours pour se familiariser avec les pratiques du cabinet. Après un break dans sa famille en Chine, elle est ensuite revenue à Londres pour honorer les 90 jours restants de son contrat. Elle se concentre désormais sur la révision de ses examens avant de démarrer à l’automne un nouveau contrat de 100 jours avec la société de conseils. Pour le cabinet, le lancement de cette initiative va au-delà d’une simple adéquation à l’évolution des pratiques professionnelles : « Il est plus que probable que nous assistions à une montée en puissance du nombre de personnes alternant des périodes dans la vie active et en dehors, explique Laura Hinton, et les entreprises qui soutiennent ces personnes dans cette voie gagneront in fine un avantage compétitif. »

PWC n’en est pas à sa première expérience en matière de travail flexible. Dès mars 2016, l’entreprise dévoilait sur le marché américain Talent Exchange, une place de marché en ligne connectant directement les travailleurs indépendants aux équipes de PWC. Selon ce processus, les indépendants s’inscrivent, téléchargent leurs CV et posent leurs candidatures pour travailler sur l’un des projets-clients du cabinet (mise en œuvre d’un projet informatique, détection anti-blanchiment d’argent, etc.). PWC n’est d’ailleurs pas la seule des Big 4 (NDLR : les quatre principaux cabinets de conseils et d’audit mondiaux) à multiplier les initiatives en matière de travail flexible : Deloitte a également lancé le Deloitte Open Talent (DOT), qui vise à proposer à une communauté de travailleurs indépendants la possibilité de travailler sur des projets en fonction de leurs compétences.