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Sur le terrain

Formation : La branche automobile inaugure son campus des métiers

Sur le terrain | publié le : 17.09.2018 | Benjamin d’Alguerre

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Formation : La branche automobile inaugure son campus des métiers

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Le nouveau campus des métiers de l’automobile de Guyancourt (Yvelines) faisait sa rentrée le 6 septembre. Il accueille apprentis, alternants, stagiaires de la formation continue et chômeurs en reconversion ou en insertion.

Pauline, Jawed et Sergeï préparent le même CQP (Certificat de qualification professionnelle) de « vendeur automobile confirmé ». La première – qui s’offre le luxe d’être major d’une promo quasi 100 % masculine – vient d’un DUT Techniques de commercialisation en alternance et poursuit son cursus sous statut étudiant. Le second, titulaire d’un master d’école de commerce, a choisi d’ajouter une ligne à son CV en se spécialisant dans le secteur automobile. Le troisième, après avoir bourlingué dans l’électricité et la menuiserie pendant une dizaine d’années, a choisi de se réorienter professionnellement après une période de chômage.

Comme eux, près de 380 stagiaires viennent de faire leur rentrée 2018 au sein du campus des services de l’automobile et de la mobilité, le nouveau centre de formation de la branche auto, chapeauté par l’ANFA, l’Opca du secteur, et situé à Guyancourt, dans les Yvelines, dont l’inauguration, le 6 septembre dernier, s’est faite en présence de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, dans le cadre de sa « rentrée de l’apprentissage ».

Esprit campus

Ce nouveau campus accueille indifféremment apprentis, alternants, étudiants, stagiaires de la formation continue ou demandeurs d’emploi en insertion. Qu’ils préparent un CAP, un CQP ou un diplôme d’ingénieur. Qu’ils se forment sur des activités de vente, de maintenance ou de préparation dans les secteurs de l’automobile, de la moto, des poids lourds ou du vélo. Tous différents et pourtant, ils évoluent sur le même site et partagent les mêmes ateliers au sein de ce centre d’enseignement king size (12 000 m2 sur 5 hectares) qui réunit deux CFA (l’Aforpa pour l’automobile et l’INCM côté moto ou vélo), une école d’ingénieurs (le Garac) et un établissement de formation continue sous l’égide du Groupement national pour la formation automobile (GNFA). Au maximum, 1 000 stagiaires pourront être accueillis pour apprendre ou perfectionner leur savoir-faire. Voire gamberger sur les véhicules de demain, car le campus se veut aussi un espace de réflexion sur le futur de la filière, qu’il s’agisse des véhicules connectés, à moteur hydrogène ou hybrides. « Le décloisonnement est au cœur de l’innovation : d’où l’intérêt pour nous de disposer de ce lieu vivant où toutes les compétences peuvent se confronter », explique Francis Bartholomé, concessionnaire Ford et président du Centre national des professionnels de l’automobile (CNPA), la principale fédération patronale du secteur.

« Je crois beaucoup à l’esprit campus. Rassembler des gens d’origines différentes, de cursus différents, de statuts différents dans les mêmes espaces de formation et de recherche, c’est précisément le genre d’esprit qui a inspiré le volet “apprentissage” de la loi Avenir professionnel », annonçait Muriel Pénicaud lors de son passage sur le site. Promulguée la veille de sa visite, sa loi ambitionne de favoriser le développement de l’alternance en transférant cette compétence des mains des régions dans celles des branches professionnelles. Un transfert qui fit grincer des dents côté régional.

Dialogue régions-branches

Pour autant, branches et conseils régionaux doivent-ils cesser de se parler malgré le changement de braquet ? Pierre Gattaz, peu de temps avant de confier les clés du Medef à Geoffroy Roux de Bézieux, appelait à la mise en place de « plateformes » où élus régionaux et représentants des branches pourraient continuer à discuter ensemble sur la question de l’apprentissage. Vœu pieux ou véritable amorce de partenariats futurs ? Selon la ministre, la deuxième option semble la bonne : « Aujourd’hui, cinq ou six régions se disent intéressées par la mise en place de tels lieux d’échange pour élaborer des collaborations de longue durée. »

À son corps défendant, ce nouveau campus des métiers de l’automobile pourrait à très court terme incarner la nécessité de ce dialogue. Car si c’est la branche qui a pour l’essentiel mis la main à la poche pour sa construction et son équipement (23 millions d’euros sur 30), son succès pourrait bien dépendre de la région Ile-de-France. Car son isolement géographique, l’absence de réseaux de transport de proximité et l’insuffisance de l’offre de logement pour les 500 apprentis et les 100 stagiaires qui sont attendus dans les trois ans risquent d’amenuiser l’attrait du campus… à moins d’envisager un coup de pouce régional en matière d’infrastructure et de facilité d’accès.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre