Souvent montrée en exemple en matière de gestion des ressources humaines, la société Saint Maclou fait aussi figure de pionnière lorsqu’il s’agit d’appliquer des méthodes de management bienveillant. La pratique a été introduite dès 2015 dans le cursus de formation suivi par les managers et qui dure neuf jours. Mieux encore, depuis 2016, la société offre à ses gérants de magasins sans diplôme de troisième cycle une formation certifiante, sur 18 mois, donnant accès à un titre professionnel de niveau 2, soit l’équivalent d’un bac + 3 ou + 4. « Et le développement de la bienveillance, de même que le développement de soi et de la confiance de l’équipe, sont totalement intégrés à ce parcours de formation », souligne Valérie Carré, responsable du développement humain à Saint Maclou.
« L’idée sous-jacente étant de conjuguer exigence (envers soi comme envers les équipes) et bienveillance », poursuit-elle. Pour ce faire, les bénéficiaires de la formation – quelque 220 managers actuellement, sur toute la France – sont amenés à se poser des questions pour mieux se connaître, identifier leurs zones d’inconfort, développer leur écoute, pour prendre pleinement leur place en tant que manager bienveillant auprès des équipes, sans oublier, pour les directeurs de magasins, d’accompagner leur adjoint », précise encore la spécialiste du développement humain chez Saint Maclou. Pour l’heure, des formations incluant le management bienveillant ont été dispensées à l’ensemble des directeurs régionaux, de même qu’à tous les responsables de magasins. Si ces derniers sont à leur tour chargés d’embarquer leurs adjoints et collaborateurs sur le même chemin, Saint Maclou a déjà également dispensé la formation à la moitié des responsables adjoints de magasins, et poursuit ses efforts pour en toucher davantage. Enfin, au siège, le management bienveillant est également à l’honneur. S’il n’y a pas nécessité d’offrir un parcours de formation formel aux cadres dirigeants, cela n’empêche pas les RH de les inciter à suivre une formation de 18 jours au total, dont quatre sont dévolus au management bienveillant et deux autres à la connaissance de soi et au codéveloppement.
« Non seulement le management bienveillant doit, au même titre que les efforts concernant la mixité ou la promotion des femmes dans l’entreprise, être impulsé par la direction, sinon cela ne marche pas, mais en plus, la direction doit elle-même l’appliquer, conclut Clément Leroy, psychologue cogniticien. Si c’est le cas, une fois de plus, un cercle vertueux se met aisément en place. Plus relaxes, moins sous pression, les managers du reste de la hiérarchie passent à leur tour ces “bonnes vibrations” à leurs subordonnés. Et mieux encore, alors que certains pèchent par manque de profonde confiance en eux, le fait que les collaborateurs, dans leur entourage, de même que leurs supérieurs hiérarchiques leur en témoignent les nourrit et les rend moteur pour le changement. »
« C’est le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi qui a le mieux décrit l’expérience optimale et les conditions du bonheur dans la vie quotidienne, à travers des ouvrages comme Vivre : la psychologie du bonheur, souligne le psychologue cogniticien Clément Leroy. Et ce qu’il a montré c’est que le “bonheur”, ou l’état dans lequel les gens sont lorsqu’ils sont profondément engagés dans une activité, qu’ils sont si concentrés qu’ils ne voient pas le temps passer, est plus fréquemment atteint sur le temps de travail que pendant les loisirs. Pour cela, évidemment, il faut que leur travail ait du sens pour qu’ils aient envie de le faire et qu’ils se sentent reconnus dans leurs efforts. Sens et reconnaissance : deux clés à donner aux managers pour pratiquer “le management bienveillant”. »