« Nous avons préféré le terme de sparring board, comme on dit sparring partner en boxe, parce que nous nous plaçons d’égal à égal », explique Nathalie Balla, coprésidente, avec Éric Courteille, de La Redoute. Une différence d’état d’esprit, selon elle, par rapport à la mode des shadow comex, ces « cabinets fantômes » qui fleurissent depuis quelques années dans les grandes entreprises et dont le plus connu est sans doute celui d’AccorHotels, lancé en début 2016. Dans tous les cas, il s’agit, pour les entreprises, de permettre à de jeunes talents de s’exprimer face aux instances dirigeantes. A La Redoute, où la troisième promotion annuelle – car « l’appartenance au sparring board n’est pas statutaire », précise Nathalie Balla – sera intronisée en février 2019, une dizaine de talents, cadres et non cadres, venant de tous les secteurs de l’entreprise, s’informent, analysent, bref, se font une opinion, et la donnent ensuite au comité de direction (codir) lors d’un rendez-vous mensuel, assorti d’un ordre du jour que les jeunes ont préparé.

S’ensuit un échange de vues candide, hors du fonctionnement hiérarchique traditionnel – et qui enrichit tout le monde. Les jeunes talents réussissent parfois à infléchir la stratégie de l’entreprise. Ainsi, « le codir avait proposé que les marques internes de prêt-à-porter soient toutes regroupées sous une marque générale, se souvient Nathalie Balla, mais, après analyse, le sparring board nous a convaincus de garder une marque de façon indépendante, Mademoiselle R, du fait qu’elle avait une identité très affirmée et sa propre clientèle. Le codir avait sans doute eu une vision trop globale. Le sparring board a, chiffres à l’appui, offert une nouvelle façon de voir les choses. »