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Emploi : Ces étudiants qui signent un CDI dès leur arrivée

Sur le terrain | publié le : 10.09.2018 | Lys Zohin

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Emploi : Ces étudiants qui signent un CDI dès leur arrivée

Crédit photo Lys Zohin

Le groupe Accelis, qui gère notamment hôtels et restaurants de luxe, s’est doté d’une école. Mais pas n’importe laquelle… L’établissement s’engage à trouver un CDI pour chaque jeune diplômé, faute de quoi il paiera une indemnité. Explications.

La rentrée ? C’est pour le 17 septembre, avec une journée d’intégration le 16. Les étudiants ? Ils seront 220 cette année, sélectionnés à l’issue de trois entretiens, qui portent tous sur la motivation et l’envie, sans tenir compte du niveau scolaire. Leur but ? Devenir, selon ce qu’ils décideront en troisième année, spécialistes en restauration, en hôtellerie de luxe, en vins, en évènementiel… C’est une entreprise qui les forme, et qui, alors qu’elle ne peut pas tous les embaucher, leur a néanmoins promis un contrat ferme et pérenne dans le secteur. « Nos étudiants signent quasiment un CDI en entrant à l’école », indique Khalil Khater, le président du groupe Accelis, qui gère, entre autres établissements de luxe, le château de Ferrières-en-Brie (77), où se trouve l’école d’hôtellerie-restauration qu’il a lancée à la rentrée 2014. Pour ajouter : « Il faut passer de la notion très répandue d’employabilité à celle d’emploi tout court. »

Mieux, si l’école du château de Ferrières-en-Brie n’arrive pas à placer les jeunes diplômés dans les deux mois qui suivent l’obtention de leur diplôme, elle leur verse une indemnité de 1 500 euros par mois. « Et nous leur offrons même la possibilité de refuser une offre », ajoute Khalil Khater. Prend-il des risques ? « Le secteur est certes en tension, répond-il, mais la plupart des premiers emplois se font en CDD, du fait de la saisonnalité des métiers. » Le groupe a fait appel à un cabinet de placement pour s’assurer que les jeunes diplômés auront bien des entretiens dans des établissements partenaires, tels ceux du groupe LVMH. Autant d’employeurs potentiels qui doivent de surcroît s’engager à payer correctement les jeunes diplômés – entre 1 900 et 2 800 euros brut par mois.

Coup de pouce financier

C’est donc, pour le groupe hôtelier, un accompagnement sur mesure qui est proposé aux 220 étudiants de la quatrième promotion, avec notamment des stages dans des hôtels du groupe ou de son réseau de partenaires, afin d’être fin prêts à décrocher le CDI tant convoité à l’issue de la formation. Mais Accelis fait plus encore. Du fait des outils nécessaires, notamment en cuisine, la formation hôtelière coûte cher.

Quelque 18 000 euros par an dans le cas de l’école de Ferrières-en-Brie. Les étudiants étant sélectionnés sur leur motivation, l’argent peut leur faire défaut. Conséquence, le groupe a lancé un fonds de dotation de 500 000 euros, abondé en partie par ses fournisseurs, qui reversent 3 % du montant de leur facturation au fonds, lequel sert ensuite à payer une partie des frais de scolarité à ceux qui en ont besoin. « La moitié de nos étudiants sont boursiers », rappelle ainsi l’homme d’affaires d’origine libanaise, qui a commencé sa carrière dans la banque, pour bifurquer rapidement dans l’hôtellerie. En plus de ce coup de pouce, le groupe apporte si nécessaire sa caution pour des prêts bancaires – que les banques du groupe, conscientes du fait que l’étudiant a quasiment un CDI, accordent en général sans difficulté – et qui viendront compléter le reste du financement de la formation.

Par ailleurs, l’école offre également un système d’alternance, là aussi pour permettre aux élèves de payer une partie de leur formation, tout en se préparant de façon pratique à leurs futurs métiers. Enfin, l’école d’hôtellerie de Ferrières-en-Brie propose, en parallèle des diplômes bac + 3 ou bac + 5, des formations courtes, sur six à huit mois, pour des professions de cuisinier, pâtissier ou autre.

« Si un jeune est motivé par un métier difficile, celui de servir les autres, peu mis en valeur en France malgré la tradition du luxe, et qu’il a dû convaincre ses parents de le laisser entrer dans une telle école, alors nous n’allons pas le lâcher ! », s’exclame Khalil Khater. Pour lui en effet, chaque nouvelle recrue est à l’école pour faire éclore son potentiel. Son nouveau projet ? Une « human tech valley », prête à ouvrir, et qui accueillera dans les jours qui viennent la première promotion d’étudiants, de start-uppers, de techniciens et autres développeurs. Avec une ambition : créer un campus réunissant le meilleur de l’hôtellerie et le numérique, afin de s’assurer que le premier secteur participe activement à la révolution induite par le second.

Auteur

  • Lys Zohin