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Les clés

Revenu universel : en route vers la liberté ?

Les clés | À lire | publié le : 10.09.2018 | Lou-Eve Popper

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Revenu universel : en route vers la liberté ?

Crédit photo Lou-Eve Popper

Dans son nouveau libre, le philosophe Abdennour Bidar défend l’idée d’un revenu universel, à mettre en place en progressivement.

« Aussi longtemps que notre revenu dépendra de notre travail, nous serons retenus en otage par ceux qui veulent bien nous donner du travail quand ça arrange leurs intérêts. » Voilà comment débute le court essai d’Abdennour Bidar en faveur du revenu universel. En s’appuyant sur les travaux des auteurs ayant déjà écrit sur le sujet – Guy Standing, Philippe Van Parjis, Rutger Bregman, Bernard Maris, André Gorz –, le philosophe développe sa propre vision de l’allocation de base. Pour lui, la chose est entendue : le revenu universel doit être une cause mondiale et peut être financé par l’argent produit à l’échelle mondiale et caché dans les paradis fiscaux. À cet égard, Adbennour Bidar rappelle ainsi que « les estimations les plus récentes du volume des capitaux maintenant détenus offshore par des riches individus s’élèvent à 11 500 milliards de dollars ». Concernant les pays du Nord plus particulièrement, l’auteur nous met cependant en garde : se libérer du travail grâce au revenu universel ne sera pas suffisant. Pour nous, habitants des pays riches, il faudra aussi se désintoxiquer de la consommation : « Il va falloir nous apprendre ou réapprendre à trouver pour notre vie d’autres buts qu’acheter sans fin ! » Ce qui devrait nous permettre, par la même occasion, de « réinvestir les campagnes (…) et d’y mener aussi une vie écologique autrement plus réelle que celle du bobo urbain qui cultive son petit carré de menthe ou de cannabis sur son mini-balcon », poursuit-il, un brin lénifiant. Quelques difficultés pointent tout de même à l’horizon s’agissant de la mise en place du revenu universel, qu’Abdenour Bidar ne résout pas réellement, sinon à l’aide d’un raisonnement cyclique. Ce dernier affirme en effet qu’il n’y aura pas d’abandons de postes à grande échelle puisque la plupart des individus sont attachés à leur emploi. Pour autant, l’auteur propose que les employeurs rehaussent le coût du travail pour le rendre plus attractif. Ils pourront le faire puisque, explique-t-il, il y aura tout de même moins d’employés à rémunérer… Face à cette situation compliquée, Abdennour Bidar préconise de mettre en place le revenu universel progressivement, « en le proposant automatiquement aux chômeurs, aux jeunes, aux retraités, malades, personnes handicapées ou invalides et en l’octroyant sur demande à tous ceux qui désirent quitter leur emploi, sans qu’ils aient à s’en justifier ». Et pour le financement ? Rien de plus simple. Reprenant les propositions – plus complètement d’actualité – de Benoît Hamon, Abdennour Bidar recommande la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale, une reprise du CICE, et une taxe sur les surprofits des banques. Pour conclure, le philosophe affirme que le revenu universel s’impose à notre époque. Qu’il correspond à la fin programmée du travail et convient tout à fait aux nouvelles générations, chez qui « le souci de l’être l’emporte sur celui de l’avoir ». Au final, le revenu universel aura ainsi, selon lui, sur nombre d’esprits, « l’effet d’une véritable révélation, d’une expérience euphorique et initiatique ». Rien que ça.

Auteur

  • Lou-Eve Popper