« Nous avons sans doute été parmi les premiers utilisateurs de Skype, puisque nous devons parler à des auteurs disséminés à travers la planète. Nous avons dématérialisé nos factures, et, depuis deux ans, notre gestion RH, dont les fiches de paie, pour les 170 salariés permanents que compte la société. Avant ce n’était pas possible administrativement ! », raconte Jean-Paul Labourdette, cofondateur et coprésident des guides Le Petit Futé. Et toutes ces innovations ont été parfaitement acceptées par les salariés, précise encore le dirigeant.

Contrairement à de nombreuses autres entreprises, ce n’est pas pour prendre le train du numérique en marche ou pour être plus compétitif, plus agile, plus créatif, que la société a adopté, très tôt, les outils numériques. Si la révolution numérique a été lancée dès 1985 – un record ! – c’est en raison du fonctionnement choisi par les deux cofondateurs, deux étudiants d’HEC à Toulouse – Dominique Auzias étant le coéquipier de Jean-Paul Labourdette – qui ont décidé de publier, un peu comme un défi, un guide des bonnes adresses de la ville de Nancy, le tout sponsorisé par quelques annonceurs locaux à partir de 1976.

« Certains de nos concurrents (on pense au Guide du Routard ou à l’anglophone Lonely Planet – NDLR) envoient souvent des non-spécialistes pendant un mois dans un pays, puis dans un autre, pour recueillir des informations et les mettre dans un guide. Nous avons choisi dès le départ de nous appuyer sur des spécialistes locaux – des journalistes, des auteurs, du personnel d’ambassade… », explique le coprésident. Au total aujourd’hui, plus de 1 000 auteurs réguliers, et des dizaines d’autres, plus occasionnels, pour couvrir plus de 800 destinations, dans quasiment tous (194) les pays de la planète.

Comment, dans ces conditions, réunir tout ce beau monde pour des séances d’information ? Comment faire en sorte que tous puissent rédiger, puis envoyer leurs écrits, puis mettre à jour les informations au fil des années ? Seule solution, l’informatique, dont s’est doté Le Petit Futé dès les débuts de l’Internet. Avec pour résultat aujourd’hui une énorme base de données, qui fonctionne sur une plateforme, sans cesse approfondie et réactualisée, qu’utilise la société pour proposer, au fil des innovations numériques, toujours plus de services. Parmi les derniers en date : la possibilité, en surfant sur le site mypetitfute.com, de constituer son propre guide de voyage, selon ses critères personnels (prix des hôtels, types de loisirs, etc.). Guide personnalisé que l’on peut ensuite recevoir (contre quelques euros) sur un support numérique (tablette, mobile…) ou sur papier (pour un prix allant de 15 à 30 euros), l’impression et la livraison, dans ce deuxième cas, se faisant en trois jours !

« Et il faut toujours être à l’affût des nouveautés en matière d’outils numérique ! », s’exclame Jean-Paul Labourdette. En plus de la personnalisation de ses guides, « une première au monde », rappelle avec fierté le coprésident de la société, Le Petit Futé a évidemment étudié l’intelligence artificielle pour voir comment elle pourrait être utile à son business. Et la société a vite trouvé. Grâce aux progrès réalisés par des logiciels de traduction dotés d’intelligence artificielle, les guides « customisés » sont déjà disponibles, instantanément, dans six langues. Si le système est encore expérimental, la société espère bien, à horizon de quelques années, le rendre banal, et mettre à disposition des voyageurs des langues plus compliquées pour les logiciels de traduction automatique. Conséquence de cette nouvelle avancée dans le monde désormais sans limite du numérique, la possibilité d’accroître encore le chiffre d’affaires du Petit Futé à l’international.