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Sur le terrain

Attractivité : Deliveroo livre une formation à ses coursiers

Sur le terrain | publié le : 03.09.2018 | Benjamin D’Alguerre

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Attractivité : Deliveroo livre une formation à ses coursiers

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

La plateforme Deliveroo vient de nouer un partenariat avec l’éditeur e-learning Openclassrooms. Objectifs : offrir des cursus supérieurs aux livreurs de l’enseigne… et les convaincre de ne pas filer à la concurrence.

C’est l’une des conséquences de la « guerre des talents » que se livrent les plateformes collaboratives de type Uber pour attirer les meilleurs profils dans leur giron : la nécessité de proposer des avantages annexes à leurs collaborateurs micro-entrepreneurs pour assurer leur fidélité. La formation en fait partie. La loi El Khomri du 8 août 2016 ouvrait déjà des droits à la formation à ces travailleurs pas comme les autres via l’abondement de leur CPF par leurs plateformes employeuses et un accès facilité à la VAE. De nouveaux droits… qui ne sont jamais réellement entrés en vigueur du fait de la complexité de leur gestion, à en croire cependant la Fédération des auto-entrepreneurs qui suit le dossier de près. Quant à la loi Avenir professionnel du 1er août 2018, elle prévoit de muscler les obligations formatives des plateformes numériques en leur imposant d’abonder chaque année de 500 euros le compte formation de leurs free-lances dès lors que ceux-ci génèrent a minima un demi-smic de revenus mensuels. Ce nouveau système fonctionnera-t-il mieux que l’ancien ? Les paris restent ouverts.

Deliveroo, spécialiste de la livraison de repas à domicile, sérieusement challengé sur le marché français par d’autres enseignes comme UberEats, Just Eat (ex-Alloresto) ou Foodora, a choisi de ne pas attendre pour se lancer dans une opération de séduction par la formation en mettant en place sa « RooVersity », un programme développé en partenariat avec l’éditeur de solutions e-learning Openclassrooms. Son contenu ? L’accès gratuit, pour les coursiers Deliveroo, à une sélection de cours en ligne proposés par Openclassrooms dans les domaines du design, des technologies d’information et de télécommunication, du marketing et du management. « Ces cours sont accessibles en ligne sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Chacun d’entre eux nécessite cinq à quinze heures de travail personnel et les participants peuvent être accompagnés en vidéoconférence par un professeur particulier », indique-t-on à la direction de Deliveroo.

Accès à l’éducation ou effet d’annonce ?

Autre dispositif : la mise à disposition des free-lances Deliveroo de 32 bourses d’une valeur de 3 600 euros chacune, représentant quelque 400 à 1 000 heures de formation par bourse dans le cadre de cursus niveau bachelor/licence délivrés par plusieurs établissements d’enseignement supérieur (ENSAE, INSA, CentraleSupélec, Simplon, Paris School of Business, Paris Panthéon-Assas et Polytechnique). Seule réserve : ces bourses sont réservées à des publics ne disposant d’aucun diplôme initial. « Beaucoup de nos livreurs sont encore étudiants, mais beaucoup d’autres n’ont pas eu cette opportunité et nous voulons donner accès à l’éducation à chacun d’entre eux », indique Will Shu, PDG et fondateur de Deliveroo. Dans son entourage, cependant, on ne nie pas l’aspect intéressé de la démarche : « C’est évidemment un dispositif attractif pour attirer ou conserver des collaborateurs dans un secteur devenu extrêmement concurrentiel », confie un proche.

Du côté des défenseurs des livreurs, cependant, on n’hésite pas à pointer du doigt une simple opération marketing : « C’est un bel effet d’annonce, mais ce n’est que ça ! », lance Jérôme Pimot, porte-parole du CLAP, le collectif des livreurs autonomes de Paris. « Nous préférerions que Deliveroo nous propose une vraie protection sociale au lieu de cette espèce de sous-VAE », tempête celui qui fut livreur pour cette enseigne. La protection avant la formation ? Deliveroo, depuis septembre 2017, propose une couverture accidents ainsi qu’une complémentaire santé à ses livreurs grâce à un contrat noué avec Axa. Insuffisant, selon Jérôme Pimot : « Un livreur blessé au torse pendant une course s’est vu refuser sa prise en charge au prétexte que Deliveroo n’a contracté d’assurance que pour les membres et la tête ! », fulmine-t-il. À voir si cette nouvelle offre de formation saura constituer un atout séduction pour la plateforme.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre