À partir d’un double constat puisque j’ai une double casquette. D’une part, je travaille chez Microsoft, et de l’autre, je suis adjoint au maire de la municipalité de Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Or la différence d’engagement, sans parler de l’accès aux outils numériques, était immense entre les deux organisations. Mais si Microsoft est forcément très en pointe, ce qui m’interpellait c’était que, lorsqu’on pose la question aux agents municipaux sur leur choix de carrière, ce qui vient en premier pour l’expliquer, ce n’est pas, comme on pourrait le penser, la sécurité de l’emploi, mais le fait de travailler pour l’intérêt général. Et cette belle vocation est gâchée, broyée par la machine administrative. Évidemment, cela s’applique à d’autres organisations, publiques ou privées ! L’idée a donc été d’utiliser la technologie et l’intelligence artificielle pour réhumaniser les relations. Car notre appli – qui offre la possibilité, si un collaborateur a envie d’aller déjeuner avec quelqu’un, par exemple, de vérifier qui serait disponible, et susceptible de vouloir le faire, quels seraient la meilleure heure et le meilleur lieu – permet précisément d’oublier le digital pour revenir vers l’humain. Même chose pour faire du sport ensemble dans la salle de l’entreprise, ou à l’extérieur, se retrouver dans la file d’attente d’un musée entre personnes ayant un point commun, etc. Cette appli est bien plus qu’un simple réseau social.

Comeet a été lancée en janvier 2017. Nos premiers clients – Microsoft, bien sûr, mais aussi Sodexo, l’Essec, le pôle Léonard de Vinci, entre autres – ont tous en commun de devoir attirer, créer de l’engagement et retenir les talents, parfois parce qu’ils sont dans un domaine où le marché de l’emploi est en tension, comme l’informatique. Et nous discutons avec plusieurs prospects qui ont les mêmes contraintes. Premier constat, l’usage de l’appli « prend ». Les collaborateurs l’utilisent. Elle sert aussi, nous l’avons remarqué, à l’amélioration de l’onboarding. Ainsi, si, dans un processus normal, un nouveau collaborateur ne rencontre, en dehors de son équipe propre, que deux à trois personnes dans l’entreprise dans les trois premiers mois, les plus critiques pour son intégration et sa décision de rester ou non dans l’organisation, avec Comeet, le même collaborateur rencontre de 10 à 20 personnes en dehors de son équipe dans les trois premiers mois de son arrivée. Elle marche aussi pour les étudiants à l’Essec ou ailleurs, qui peuvent se créer un début de réseau professionnel tout en étant encore à l’école.

C’est vrai, mais nous passons beaucoup de temps à travailler. Et nous savons, à mesure que nous déployons le service, que, par exemple, dès qu’on a vraiment rencontré l’agent de nettoyage municipal, il est beaucoup plus difficile de jeter un papier gras par terre. Autant dire que le lien social lutte contre les incivilités ! Conclusion : pour les organisations publiques comme pour les entreprises privées, la clé de la performance, c’est la qualité de la relation humaine. Vous pouvez avoir tous les baby-foot que vous voulez dans les locaux, des repas et des boissons à volonté ou les meilleurs salaires possibles, ce qui fait que les gens mettent de l’énergie à aller travailler et sont productifs, c’est la qualité des liens humains.