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Sur le terrain

Formation : L’agro-alimentaire se forme grâce au virtuel

Sur le terrain | publié le : 27.08.2018 | Marina Al Rubaee

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Formation : L’agro-alimentaire se forme grâce au virtuel

Crédit photo Marina Al Rubaee

Neuf entreprises des Hauts-de-France spécialisées dans l’agro-alimentaire ont mis en place une formation commune destinée à leurs salariés et utilisant la réalité virtuelle. Son nom : “Agrovirtuose”.

Nombre d’entreprises du secteur de l’agro-alimentaire s’efforcent de mieux former leurs salariés. Ce qui n’est pas si simple. « Outre les contraintes réglementaires, il est difficile de trouver du personnel qualifié et surtout d’accroître ses compétences », explique Arantcha Gelin, responsable RH chez Saint-Louis Sucre. Un problème auquel neuf entreprises de la région des Hauts-de-France – aussi bien des PME que des grandes entreprises – ont décidé de s’attaquer en mutualisant leurs ressources afin de créer une formation sur-mesure pour leurs salariés.

L’idée a germé – c’est le cas de le dire – à l’occasion d’un “club RH” organisé par Agro-Sphères. Installée en Picardie, cette structure, qui regroupe 195 entreprises de l’alimentaire, aide celles-ci à s’implanter et à se développer, tout en animant parallèlement la filière. « Nous avons l’habitude de nous rencontrer entre confrères afin de partager les bonnes pratiques. Les questions sur la formation sécurité/qualité étaient un point important sur lequel nous travaillions depuis longtemps. Il nous fallait trouver une méthode pédagogique pour que les salariés acquièrent les bonnes habitudes… tout en évitant qu’ils les assimilent en vrac et n’en retiennent, en fin de compte, qu’une partie », explique Arantcha Gelin.

Hygiène et sécurité

En septembre 2017, l’occasion se présente lors d’un atelier animé par Opcalim – l’organisme paritaire collecteur agréé) chargé du financement des formations pour les entreprises du secteur alimentaire –, venu présenter à ses adhérents les outils numériques dédiés à la formation. L’un d’entre eux retient leur attention : la réalité virtuelle, une technologie qui permet d’interagir, au moyen d’un casque, dans un environnement virtuel. « En situation réelle, on ne sait pas comment on va réagir, surtout dans l’urgence. La réalité virtuelle le permet », insiste Fanny Desrousseaux, chargée de mission « Promotion-Communication » chez Agro-Sphères.

Plus vraie que nature

Un groupe de travail est constitué et un consensus est trouvé : bâtir une formation commune autour de deux modules, “la sécurité alimentaire et les bonnes pratiques d’hygiène et la sécurité des personnes et l’ergonomie. Un cahier des charges fixe le cadre, le contenu et le financement. Le “club des 9” choisit PME Centrale – une centrale d’achats collaborative créée en 2001 par des patrons de PME de la région Rhône-Alpes – pour mener le projet à son terme.

« Pour bâtir le scénario le plus adapté, il était important de recueillir les besoins et les informations remontant des salariés et des directions », souligne Christian Sferrazza, responsable du développement PME Université, une structure de mutualisation, de management et d’accompagnement de projets des entreprises autour de la formation professionnelle, PME Centrale étant sa filiale. Les experts de cette dernière ont donc visité les sociétés impliquées afin d’inventer le contenu pédagogique.

Résultat : une première version a été testée par les entreprises. Les testeurs ont plongé dans une usine reconstituée virtuellement, plus vraie que nature : poste de garde, bureaux, ateliers de production, parking… Ils ont évolué dans un environnement à l’intérieur duquel ils ont été confrontés à de nombreuses situations. Par exemple, ils ont appris en temps réel les gestes et les attitudes indispensables pour assurer leur sécurité lorsqu’ils se sont retrouvés dans un atelier de production. « On peut ainsi procéder à l’évaluation des risques, sans pour autant mettre en danger les personnes », poursuit Christian Sferrazza.

La version finale sera livrée en septembre 2018. Arantcha Gelin se dit plus que séduite : « Cette solution apporte la souplesse que nous recherchions. Nous pouvons ainsi former nos salariés autour de modules d’une demi-heure au maximum sans avoir à les mobiliser toute une journée. » Il sera également possible d’enrichir l’outil avec de nouveaux modules : par exemple la création d’un atelier maintenance.

Au total, l’opération aura coûté 150 000 euros, les formations proprement dites des salariés étant, elles, financées par Opcalim. « Cette coopération nous a permis de partager le coût du développement, de renforcer les liens et de disposer d’un outil unique de formation qui profite à tout le monde », ajoute la responsable.

Une occasion de montrer qu’en la matière le secteur sait innover et qu’il en est surtout le précurseur.

Auteur

  • Marina Al Rubaee