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« La formation n’est plus une option, mais un principe d’élévation des compétences »

Le point sur | publié le : 27.08.2018 | Benjamin D’Alguerre

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« La formation n’est plus une option, mais un principe d’élévation des compétences »

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

Pour le député LREM de Paris qui fut rapporteur du projet de loi « Avenir professionnel » pour son groupe à l’Assemblée, il était temps de tourner la page d’un système de formation « dont l’efficacité était loin d’être proportionnelle à l’argent investi dedans ».

Certains reprochent à la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de recentraliser le système de formation. Était-ce l’intention ?

Déjà, « centralisation » n’est pas un vilain mot à mes yeux. Mais au-delà de l’éventuelle « recentralisation » des dispositifs, l’objectif reste avant tout la recherche de l’efficacité. Or, notre système ne l’était pas que ce soit en matière de formation ou d’apprentissage. Fallait-il préserver un système où le cadre d’un grand groupe accède cinq fois plus à la formation que le salarié de TPE ? Où 1,3 million de jeunes sont sans emploi, formation ou qualification ? L’efficacité de ce système était loin d’être proportionnelle à l’argent investi dedans ! D’où la nécessité de le réformer avec une nouvelle loi qui fera date et marquera un nouvel An I de la formation professionnelle. Désormais, la formation ne doit plus être une option, mais un principe fondamental d’élévation des compétences de nos concitoyens dont l’employabilité – et les emplois ! – vont très vite être heurtés par l’arrivée massive de l’intelligence artificielle et l’obsolescence rapide des connaissances.

Le compte personnel de formation (CPF) monétisé constitue la pierre angulaire de cette réforme, mais êtes-vous certain que les actifs s’en empareront pour autant ?

C’est justement l’objectif de sa monétisation. Chaque salarié doit connaître ses droits à la formation et ils sont plus lisibles en euros qu’en heures. La monétisation doit créer l’appétence pour la formation, afin que chacun puisse s’en saisir. J’entends les critiques à propos de l’application smartphone : celle-ci sera prioritairement destinée au choix de formations simples (comme le TOEIC, Test of English for International Communication, ou le permis de conduire) qui ne nécessitent pas d’accompagnement. Pour les autres, il y aura un nouveau service CEP, financé, qui permettra aux individus d’être aidés dans leurs démarches.

La réforme ambitionne le développement des compétences… mais réduit les moyens de formation des entreprises puisque seules celles de moins de 50 salariés auront accès à des fonds mutualisés. Paradoxe ?

Si beaucoup d’entreprises n’accèdent pas aux fonds de la formation… c’est qu’elles n’ont pas de plan du tout ! Le CPF sera justement un moyen de permettre aux entreprises d’investir dans la formation de leurs salariés sur la base d’une coconstruction : le salarié pourra mobiliser son CPF et son employeur l’abonder à hauteur du prix de la formation, selon une logique de partenariat. C’est une nouvelle clé d’entrée pour la formation. Et au niveau des IRP, la construction des plans de formation deviendra moins abstraite qu’elle ne l’est aujourd’hui.

En deuxième lecture, l’Assemblée est revenue sur toutes les propositions du Sénat visant à redonner aux régions la main sur l’apprentissage…

Laisser l’apprentissage aux régions, c’est la garantie qu’il ne se développera jamais ! Les conseils régionaux ont une gestion malthusienne de l’apprentissage : si elles ouvrent une section de CFA de quarante places et qu’il n’y a que dix apprentis pour les occuper, tant pis… la section restera ouverte et qu’importe si, dans le territoire d’à côté, des candidats intéressés ne trouvent pas la même formation, faute d’offre locale ! L’apprentissage ne doit plus être un outil d’aménagement du territoire. Le financement au contrat et le pilotage par les branches mettront fin à ces pratiques.

Mais les branches ne sont pas forcément armées pour être présentes sur tous les territoires…

Elles le deviendront une fois qu’elles seront regroupées même si le processus prend du temps. C’est pour faciliter ce rapprochement que j’ai fait passer un amendement en seconde lecture donnant au ministère du Travail le pouvoir de procéder à ces rationalisations si les partenaires sociaux des branches ne sont pas parvenus à s’entendre d’ici à la date-butoir (fixée à l’été 2019). Si les branches ne se regroupent pas d’elles-mêmes, le ministère le fera.

Le chiffre : 14,28 euros

C’est le tarif horaire que représentera le CPF monétisé, selon la ministre du Travail. Aujourd’hui pris en charge par les Opca, il s’élève en moyenne à 31 euros de l’heure, mais avec d’importantes variations selon les organismes pouvant s’étaler de 10 à 90 euros.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre