Alors que la révolution digitale devrait inciter les entreprises à transformer leur organisation et passer d’un modèle de management pyramidal à une structure agile, collaborative et transversale, basée sur la confiance, les pratiques managériales évoluent encore doucement. Selon l’enquête Ifop et Lispe (Laboratoire d’innovation sociale et de la performance économique)*, présentée lors de la 10^e édition du colloque Dirigeants en Pays d’Avignon qui s’est tenu du 5 au 7 juillet 2018, à peine plus de la moitié des salariés interrogés (55 % pour l’ensemble d’entre eux et 51 % pour les cadres) n’identifie pas de changement dans les modes de management interne à l’entreprise.

Ces derniers restent encore très traditionnels en France. Les personnes interrogées ressentent davantage le côté hiérarchique, que coopératif (65 % vs 35 %) du management et son aspect bureaucratique, plus que réactif (62 % vs 38 %). L’opacité dans les processus de décision prévaut sur la transparence (63 % vs 37 %). De même, l’objectif à court terme pour gérer le présent est préféré à l’objectif de long terme (59 % vs 41 %). Seuls 4 salariés sur 10 perçoivent l’émergence d’un management responsabilisant et autonomisant. Notamment 48 % d’entre eux constatent que l’entreprise encourage les autres points de vue, et ils sont 43 % à dire qu’elle manifeste de la confiance pour prendre des décisions sur des sujets importants. « Nous sommes dans une période de basculement. Des actions sont conduites et des choses sont en train de bouger mais les résultats ne sont pas encore visibles. Par ailleurs, l’innovation demande de l’autonomie, or tout le monde n’est pas forcément prêt encore à être autonome », explique Lionel Prud’homme, directeur du Lispe, IGS-RH.

Si les collaborateurs trouvent que les relations avec le supérieur hiérarchique direct se sont plutôt améliorées (36 % vs 30 %, bien que 34 % estiment qu’elles n’ont pas changé), en revanche, le rapport s’inverse s’agissant des relations avec la direction d’entreprise dont les relations sont nettement plus verticales (27 %, 34 %, 39 %). De manière personnelle, l’évolution du management est perçue plus positive pour les relations entre salariés (40 %, 26 %, 34 %), les relations avec le n + 1 (40 %, 27 %, 33 %), et un peu moins avec la direction (28 %, 34 %, 38 %).

À propos de la digitalisation, les salariés jugent ses impacts plutôt positifs vis-à-vis de la qualité de l’information (51 %), la communication interne (43 %), l’organisation du travail (48 %), le travail au quotidien (43 %). Ils sont en revanche plus méfiants quant aux effets sur les relations humaines (51 % y voient un impact négatif), d’autant qu’il rend plus poreuse la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle (41 %).