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Sur le terrain

Sécurité au travail : Punch Powerglide passe à la vitesse supérieure

Sur le terrain | publié le : 09.07.2018 | Mathieu Noyer

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Sécurité au travail : Punch Powerglide passe à la vitesse supérieure

Crédit photo Mathieu Noyer

Grâce à des parodies d’émissions télé qui ne desservent pas le fond du message, l’usine de boîtes de vitesses a renouvelé l’intérêt des salariés pour les campagnes de prévention.

Les grands-messes n’attirant plus beaucoup de fidèles convaincus, Punch Powerglide a décidé de renouveler les formes en matière de prévention santé-sécurité au travail. Pour cela, le fabricant de boîtes de vitesses à Strasbourg mise sur la parodie d’émissions télé.

Première étape en 2016, le quiz sur le « code de la sécurité » s’est inspiré de « Qui veut gagner des millions » puis, dans une saison 2, de « Questions pour un champion » devenu « Questions pour un PPS » (Punch Powerglide Strasbourg). L’an dernier, le relais a été pris par « Les Experts PPS », qui a transformé les salariés en des enquêteurs munis de leur mallette à la recherche d’indices sous scellés. L’initiative a valu à l’entreprise le grand prix prévention du concours sécurité annuel de la Carsat Alsace-Moselle.

Pour la campagne 2018 qui s’est déroulée en juin, la série américaine a été reproduite, mais sous la forme d’un escape game (jeu d’évasion). Par groupes de cinq, en séances successives, les 950 salariés mélangés entre les différents services se sont enfermés dans un pseudo-îlot de travail de l’usine. Leur mission : en sortir au bout d’une demi-heure maximum grâce aux réponses à sept séries de questions et énigmes relatives à l’accueil sécurité d’un nouveau collaborateur fictif : port des EPI (équipements de protection individuelle), reconnaissance de l’étiquetage des produits chimiques, chronologie des réflexes et gestes de premiers secours, risques électriques, règles d’évacuation d’urgence et rappel des neuf principes de prévention. Obtenues par le rassemblement d’informations (pièces d’un puzzle, données sur le tableau sécurité…), les bonnes réponses produisaient un code à quatre chiffres qui ouvrait les portes d’un coffre vers la question suivante puis vers la porte de sortie. La séance d’une heure se terminait par un rapide debriefing.

La clé du comportement sécurité

Ludique dans son déroulement, la campagne sécurité découle d’une préparation on ne peut plus sérieuse pendant une centaine d’heures, jalonnée d’étapes successives de validation, dans le but de répondre à des problématiques qui ramènent au même dénominateur commun : le comportement sécurité. « Cette notion est devenue partie intégrante de notre politique sécurité et environnement en 2015. Pour que le message passe, il nous est apparu qu’il fallait le ramener à des situations pratiques bien ciblées. D’où l’abandon de la présentation de type magistrale au profit, d’une part d’un déploiement dans les ateliers sur des thèmes spécifiques (exemple : l’utilisation de la manœuvre d’urgence d’une nacelle par l’équipe maintenance, le stockage en sécurité des produits chimiques et dangereux pour le magasin central et le service outillage), d’autre part de ces jeux qui favorisent l’échange transversal entre services de l’usine », décrit Frédéric Durand, responsable sécurité du site.

Cette année, la simulation de l’accueil d’un nouveau salarié a permis de remettre à jour les informations et connaissances sur les procédures et gestes de secours, les EPI, les risques liés au port de charges excessif, aux travaux en hauteur ou au trajet domicile-travail. L’an dernier, le jeu partait d’un cas réel de coupure à une main, qui constitue le premier facteur accidentogène du site. Punch Powerglide Strasbourg enregistre depuis 2014 une diminution régulière de son taux de fréquence et de son taux de gravité, leurs niveaux respectifs de 4,36 et 0,17 en 2017 se situant nettement sous la moyenne de la branche de la métallurgie.

Établir une relation de cause à effet entre ces évolutions et les nouvelles formes de prévention serait réducteur, même si elles apportent leur contribution. Les salariés, en tout cas, semblent bien… jouer le jeu. Le taux de participation égal ou proche de 100 % selon les campagnes n’est que partiellement représentatif, dans la mesure où le volontariat officiel cache une incitation certaine, ne nie pas la direction. C’est plutôt l’enthousiasme spontané qui plaide en faveur de l’initiative. « Les salariés continuent à en parler entre eux longtemps après et de s’échanger des bonnes pratiques. Je ne pense pas qu’il en était de même au sortir d’un exposé unilatéral », estime la DRH Christelle Einhorn-Damm. Le défi, désormais, sera de trouver une nouvelle parodie audiovisuelle, encore plus élaborée…

Auteur

  • Mathieu Noyer