« Cette formation m’a ouvert des horizons. Pourtant, j’y allais à reculons ! » Caroline Henry, chef du service des sports de TF1, où elle travaille depuis 20 ans, a fait partie l’an dernier de la première promotion de Connect, une formation au digital créée par le groupe TF1 et le Hub Institute, un think tank qui accompagne les entreprises désireuses d’accélérer leur transformation digitale. « Connect n’a pas changé mon travail au quotidien. Mais il m’a permis de rencontrer des gens de la maison que je ne connaissais pas, de gagner en transversalité. Et surtout, notamment en découvrant des start-up, cela nous a donné des ailes. Par exemple, nous avons, depuis, créé une page Internet avec des vidéos dédiées au sport, Vamos. »

Objectif atteint avec Caroline donc, puisque, se souvient Emmanuel Vivier, cofondateur du Hub Institute, « la DRH de TF1 nous a contactés avec la volonté de digitaliser ses équipes ». Ont alors été bâtis trois jours de formation, qui donnent lieu à une certification : le certificat d’anticipation stratégie et de performance digitale. Ce parcours Connect s’est vu primé en mars au trophée U-Spring de la transformation stratégique.

Son contenu vise à permettre aux apprenants d’acquérir au moins autant de soft skills que de hard skills, de savoir-être que de savoir-faire. Il s’appuie sur quatre formats d’apprentissage. D’abord, il comprend des simulations de jeu par équipe. Des interventions extérieures et des formations par des experts sur les nouveaux usages et les nouvelles technologies représentent deux autres de ses piliers. Surtout, des visites d’autres entreprises sont organisées pour recueillir leurs bonnes pratiques et usages du numérique, dans les start-up qui ont inspiré Caroline Henry. « Chaque heure et demie, nous changeons de support, de format », précise Emmanuel Vivier. Pour l’heure, 80 entreprises ont déjà été visitées (deux par session) et 90 intervenants extérieurs ont contribué à Connect. « Les entreprises nous accueillent volontiers, se réjouit Emmanuel Vivier, alors que la démarche aurait pu passer pour de l’espionnage industriel ! Mais, dans le numérique, il y a un esprit collaboratif. »

Ce contenu de la formation est issu d’une coconstruction : « Le but n’était pas de forcer les gens à se transformer mais d’écouter leurs besoins et leurs envies. » Aussi, fin 2016, durant un mois et demi, une soixantaine de collaborateurs, managers, représentants du personnel, volontaires… ont-ils répondu à des questions très ouvertes pour connaître leurs demandes, leurs difficultés, leurs interrogations, sur le chemin de la transformation digitale. Quatre besoins sont régulièrement apparus : mieux comprendre l’écosystème de ce business, trouver des clés personnelles pour mieux accepter le changement et mieux travailler ensemble, s’ouvrir à de nouvelles pratiques extérieures pour réfléchir différemment et travailler sur des cas concrets.

La direction entend former 100 % de ses plus de 2 500 collaborateurs, qu’ils appartiennent aux pôles information, publicité, programmation… Une immersion à destination de tous, y compris de ceux qui, pour l’heure, n’ont pas à traiter avec le numérique. « Un bon moyen de permettre à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice de la digitalisation, estime Caroline Henry, même quand, à la base, on n’y comprend rien. » Et de se réjouir de constater que le groupe n’est pas « une si vieille maison, il a déjà entamé le virage de cette nécessaire transformation ! »

Prochaine étape sur le chemin de la formation, annonce Emmanuel Vivier : un enseignement à destination du management intermédiaire, sur le manager agile. Objectif : interroger la mission d’un chef, « une fonction qui consistera moins à tout savoir qu’à gérer des talents, à être un coach ».