logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le point sur

Management : Le sport, un challenge pour les RH

Le point sur | publié le : 25.06.2018 | Lys Zohin

Image

Management : Le sport, un challenge pour les RH

Crédit photo Lys Zohin

Les dirigeants sont convaincus des bienfaits du sport en entreprise pour le bien-être de leurs salariés et pour la cohésion du groupe, mais ils sont peu nombreux à en faire une stratégie sociale. En cause, notamment, le peu d’appétence des RH pour le développement de la pratique sportive. Explications.

En combinaison, ils vont s’élancer, sur la plage de Quiberon, pour rallier Belle-Île-en-Mer – quelque 14,6 km de natation en relais dans les eaux du golfe du Morbihan – le 4 ou le 5 septembre prochain, en fonction de la météo. Ce ne sont pas des professionnels, mais les collaborateurs de WYZ, une société basée à Compiègne et spécialisée dans l’e-commerce et les services autour du pneu. Et ce Swim Challenge n’est qu’un avant-goût. À l’automne 2019, les équipes devraient relier, en VTT, cette fois, Compiègne à Fréjus, soit 952,5 km. Puis, en 2020, ce sera le marathon de Tokyo…

Depuis sa création en 2009, la société, fondée par des férus de sport, cultive les valeurs du triathlon. Pour les mettre en action, WYZ a déjà commencé par soutenir, dans le cadre du Pacte de performance (lire encadré), un, puis deux athlètes : Marc-Antoine Olivier et Aurélie Muller, devenus respectivement champion du monde du 5 kilomètres en eau libre et championne du monde du 10 kilomètres dans la même discipline, sans oublier la médaille de bronze de Marc-Antoine Olivier aux Jeux olympiques de Rio… C’est en suivant les performances de leurs champions, comme ils le font régulièrement, que les collaborateurs de l’entreprise ont décidé il y a quelques mois de se lancer eux-mêmes trois défis sportifs. Qu’il soit nageur ou simple supporteur, chacun dans l’entreprise joue un rôle. C’est ainsi l’assistante comptable, Sylvine Domagné, qui se charge de la logistique pour l’événement de la rentrée en Bretagne et organise les entraînements. Et c’est du sérieux, puisque les volontaires, une petite vingtaine, sur un effectif total de 38 personnes, sont suivis médicalement et entraînés, sous la houlette de Stéphane Lecat, directeur des équipes de France d’eau libre, par l’ancien entraîneur de la Jeunesse Natation Compiègne, Sébastien Desmettre. Deux fois par semaine, en équipes de trois niveaux, collaborateurs et collaboratrices de WYZ se retrouvent dans une piscine de Compiègne. Une fois par mois, leurs progrès sont évalués par l’entraîneur, qui leur donne ensuite une feuille de route assortie de consignes d’entraînement. Et, cerise sur le gâteau, Marc-Antoine Olivier et Aurélie Muller, les deux athlètes épaulés par la société dans le cadre du Pacte de performance, participeront eux aussi aux relais lors de la traversée Quiberon-Belle-Île-en-Mer. De quoi donner encore plus d’énergie aux sportifs amateurs…

Cohésion d’entreprise

« J’ai tout de suite vu l’intérêt du Swim Challenge pour la cohésion dans l’entreprise », déclare Sébastien Desmettre. Responsabilité individuelle, discipline, volonté de se dépasser, esprit d’équipe et émulation : les salariés de WYZ, de plus en plus nombreux, puisque la société en recrute environ une dizaine par an, ont le mental des champions, note l’entraîneur. De leur côté, les deux cofondateurs de l’entreprise, Pierre Guirard, PDG du groupe et Éric Duplanil, directeur général, sont bien conscients des enjeux de cohésion : « En tant que dirigeants, nous nous devons de faire en sorte que le collectif soit plus que la simple somme des individualités », résume Pierre Guirard, pour enchaîner : « Je suis sportif, j’aime le plaisir du sport et les défis. Si l’on est en grande forme physique, on est aussi plus performant professionnellement. Le sport est une belle façon de fédérer les équipes. En outre, plusieurs personnes parmi les salariés ont commencé une pratique sportive ou l’ont accru. » Avant le Swim Challenge, plusieurs, dont le PDG, avaient d’ailleurs participé à des Iron Man, dont celui de Barcelone en 2017. « Pierre est plus sportif que moi au quotidien !, s’exclame pour sa part Éric Duplanil. Ce qui nous plaît, en tout cas, dans le sport, c’est l’idée de participer et de jouer pour gagner. Nous appliquons cette philosophie à toute l’entreprise, à commencer par nos salariés : nous essayons de les faire progresser, de les faire évoluer. Le sport nous enseigne aussi que l’on peut perdre – nous avons parfois jeté du code informatique, qui n’était pas adapté, par exemple – mais nous persévérons, car si nous avons perdu aujourd’hui, demain nous pouvons gagner. »

Les dirigeants de WYZ ne sont pas les seuls à croire aux vertus du sport en entreprise. Pourtant, selon une étude publiée en novembre 2017 et réalisée conjointement par le ministère des Sports, le Comité national olympique et sportif français, le Medef et l’Union sport & cycle auprès de 265 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, si 87 % des chefs d’entreprise interrogés se disent convaincus des effets positifs d’une activité physique et sportive de leurs collaborateurs sur la compétitivité de leur entreprise, une grande majorité d’entre eux semble avoir du mal à mettre le précepte en pratique. C’est particulièrement vrai pour les PME et TPE. De fait, 82 % des entreprises interrogées n’ont pas encore mis en place d’initiatives en faveur de la pratique d’activités physiques et sportives, révèle l’enquête. En outre, chez 18 % des entreprises qui se disent engagées dans le sport, les activités physiques et sportives ne sont que ponctuelles. Et plus un dirigeant s’intéresse au sport, comme dans le cas de Pierre Guirard, PDG de WYZ, plus la mise en place d’activités sportives est élevée. Enfin, seules les grandes entreprises mettent à disposition une salle de sport pour les collaborateurs ou remboursent un abonnement à un club de sport. Les raisons invoquées par les organisations qui ont du mal à cultiver le sport vont de l’absence de locaux adaptés dans l’entreprise (34 %), au manque de ressources humaines (19 %) en passant par le contexte économique et social (16 %). À cela s’ajoute le manque d’information concernant le sport en entreprise (les entreprises sondées attribuent une note faible : 6 sur 20, à leur degré d’information) et c’est particulièrement le cas des PME.

Impliquer les RH

Pour encourager la pratique du sport, les entreprises sondées évoquent des incitations financières (27 %), mais aussi une mutualisation des lieux de pratique (24 %), sans oublier un accompagnement extérieur (sous forme de conseil, par exemple, pour 15 % des entreprises interrogées) et enfin, des mutuelles incluant une offre sport (13 %). Et bien sûr, elles estiment qu’il faut impliquer de nouveaux acteurs, tels que les RH et les membres du CSE. Les promoteurs du sport en entreprise veulent aussi que la pratique sportive gagne en visibilité. Pour cela, la Fédération française du sport en entreprise organise, chaque année, des jeux mondiaux du sport d’entreprise. En 2018, c’est à La Baule que se sont retrouvés, du 23 au 27 mai dernier, 5 000 participants d’entreprises de 43 pays pour s’affronter dans 25 disciplines. De quoi repartir gonflés à bloc et évangéliser une fois rentrés chez eux. D’autant que, comme le souligne l’étude 2017 patronnée par le ministère des Sports, il y a certes « beaucoup de croyants, mais peu de pratiquants ».

Performance sportive et entrepreneuriale

Quelque 80 sociétés parmi lesquelles AccorHotels, Engie, Intermarché, JCDecaux, L’Oréal, La Poste, Système U, Malakoff Médéric, AG2R, Orange, Safran, Sanofi, Saint Gobain et Vinci, pour n’en citer que quelques-unes parmi les plus grandes et les plus connues, ont adhéré au Pacte de performance depuis son lancement, en décembre 2014. Au total, elles épaulent 176 athlètes (dont près de la moitié sont des femmes), y compris des athlètes handisports. Le but du Pacte de performance, décrit par le secrétaire d’État aux Sports de l’époque, Thierry Braillard, est de « faire gagner nos sportifs, en sécurisant leur situation sociale et financière ; faire gagner nos entreprises, grâce aux valeurs du sport et à l’image des sportifs olympiques et paralympiques ; faire gagner la France, aux Jeux olympiques et paralympiques et sur la scène économique ».

Des arguments pour

STRESS EN BAISSE, PRODUCTIVITÉ EN HAUSSE

Plus de sérénité et plus de productivité : c’est ce que constate une étude menée en 2015 par le cabinet Goodwill-management pour le Comité national olympique et le Medef sur la pratique d’une activité sportive. Ainsi, en libérant de l’endorphine, une molécule intervenant dans la lutte contre le stress, le sport renforce la sérénité et l’endurance. Conséquence, la productivité d’un salarié s’améliore de 6 % à 9 %.

FORME EN HAUSSE, ABSENTÉISME EN BAISSE

Les enquêtes ont un peu éparses, mais certaines, dont une étude américaine de 2017 faisant la synthèse de plusieurs autres, mettent en avant les bénéfices associés à la pratique des sports d’équipe dans les entreprises. Non seulement la santé individuelle augmente, mais aussi la cohésion du groupe. À cela s’ajoutent des avantages en termes d’organisation et de performance. Résultat, l’absentéisme baisse, parfois de 30 % à 40 %. Même chose pour les accidents du travail, eux aussi en baisse.

MARQUE EMPLOYEUR EN HAUSSE, ENGAGEMENT EN HAUSSE

Selon l’étude Sport Entreprise 2017 publiée par Decathlon Pro et réalisée par le cabinet Market Audit auprès de plus de 1 000 salariés du secteur public et privé, dans des organisations de toute taille, en proposant du sport à leurs salariés « les entreprises améliorent leur image », de même que leur attrait vis-à-vis des candidats au recrutement, notamment les moins de 30 ans. Mieux, en se différenciant des autres entreprises, les organisations qui favorisent le sport au travail « fidélisent leurs salariés en renforçant leur attachement à l’entreprise », précise l’étude.

Auteur

  • Lys Zohin