Gage de culture générale, de réflexion élaborée, de qualités d’écriture ou d’organisation, le Bachelor Degree, diplôme universitaire de base aux États-Unis, était l’incontournable sésame, il y a quelques années encore, pour espérer voir son CV retenu chez IBM ou EY. Plus maintenant. Les tensions sur le marché de l’emploi – outre-Atlantique, le taux de chômage se situait à 3,8 % en mai 2018 –, induisant une pénurie de talents, incitent de plus en plus d’employeurs à oublier les diplômes, à moins qu’ils ne soient absolument nécessaires, pour la sécurité par exemple.
Ainsi, si le cabinet de consulting international EY a maintenu son exigence de diplôme de base pour tous les postes à pourvoir aux États-Unis (les postulants pour cette organisation prestigieuse restent très nombreux), cette obligation a été levée pour le Royaume-Uni, où le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 1975, à 4,2 %. De plus, certaines recherches effectuées en interne ont montré que les qualités personnelles et le potentiel individuel étaient des indicateurs de succès futur dans l’entreprise nettement plus fiables que les diplômes.
De son côté, IBM a commencé, il y a un an et demi environ, à s’intéresser aux problèmes de plus en plus criants de recrutement. Et a décidé d’explorer d’autres pistes que le diplôme. Le responsable des nouveaux recrutements chez IBM, Kelli Jordan, interrogé par le site web Fast Company, explique : « Nous avons commencé à cette époque à réfléchir à la manière de constituer un nouveau vivier, que ce soit par le biais d’institutions d’éducation communautaires – community colleges –, de boot camps, de partenariats avec d’autres entreprises ou de formation en interne, et nous avons également lancé un programme d’apprentissage. » Conséquence pour l’instant : environ 15 % des nouvelles recrues d’IBM viennent de ces filières alternatives, et ont été baptisées new collars, pour les distinguer des ouvriers en col bleu (blue collars) et des cadres (white collars).