Le fossé entre le salaire des jeunes travailleurs et celui des plus expérimentés s’est élargi de 50 % sur les vingt dernières années, selon un rapport que vient de publier la TUC, la fédération des syndicats anglais et dont le Financial Times s’est fait l’écho. Les jeunes les plus diplômés ont payé le prix fort de la crise et de la faible reprise depuis, souligne par ailleurs la fédération. L’enquête montre que le salaire médian des employés âgés de 21 à 30 ans se situe 21,9 % en deçà de celui des 31-64 ans en 2018, une érosion de 50 % par rapport à 1998, lorsque le fossé ne se situait qu’à 14,5 %. Même si le taux d’emploi actuel des moins de 30 ans est supérieur à celui des générations plus âgées, les augmentations de salaire ont été moins fortes, et les jeunes salariés ont pris moins de risques, ne voulant pas quitter trop souvent leur emploi, si difficile à obtenir en premier lieu. Or c’est souvent grâce à un mouvement que l’on peut s’assurer d’un salaire supérieur au précédent.

Au-delà de la crise et de ses effets, l’analyse de la fédération passe aussi par une prise de conscience que la TUC n’a pas fait assez d’efforts pour « se vendre » auprès des jeunes, comme l’a déclaré dans le Financial Times, Frances O’Grady, la secrétaire générale de la TUC. « Les syndicats doivent s’intéresser davantage aux défis intergénérationnels dans les entreprises », a-t-elle poursuivi. Pour l’heure, le défi reste entier, ne serait-ce que pour séduire les nouvelles générations et les attirer vers les syndicats. Les derniers chiffres officiels, publiés il y a peu, font état d’un taux de syndicalisation de seulement 10 % parmi les 20-24 ans, contre 33 % pour les salariés entre 55 et 59 ans. Le taux de syndicalisation des jeunes a été réduit de moitié depuis 1995. Au point qu’un spécialiste de ces questions, Dan Tomlinson, cité par le Financial Times, a engagé les syndicats à renforcer leurs efforts envers les jeunes, pour remplacer les baby-boomers prêts à partir en retraite.