Ce livre tente d’éclaircir l’identité du mouvement des ateliers coopératifs, les « makers ». Il présente une enquête très riche réalisée auprès d’une trentaine de structures alternatives, en particulier en France. Un portrait foisonnant, qui montre un mouvement hétéroclite sur tous les plans : activités, culture politique, parcours des fondateurs, organisation… On y croise des bricoleurs qui construisent des meubles en 3D, testent de nouvelles techniques agricoles, organisent des formations… Les auteurs, trois sociologues du Cnam et du CNRS, manifestement favorables à ces expérimentations, analysent aussi leurs tensions : si la culture maker « rejette le système économique dominant », les clans s’affrontent, entre les partisans du tout gratuit (hackers) et les autres (les makers), qui « ne pas voient pas de problème à avoir une logique marchande, même si ce n’est pas un objectif prioritaire ». L’enquête offre une plongée passionnante dans ces ateliers ouverts de deuxième génération qui s’étendent partout en Europe. Pour les auteurs, les makers n’ont rien d’une mode mais le risque serait de formater ces expériences du « faire ensemble », quand les entreprises et les politiques s’y intéressent de près… L’essai explore les différents enjeux pour l’avenir, sans forcer le trait. Réussi.