Les entrepreneurs ayant vécu un échec professionnel rencontrent d’énormes difficultés pour trouver un emploi salarié, temporaire ou non, sur un marché frileux et craintif face à des profils considérés comme « hors normes ». D’autant plus quand ils ne se sont jamais retrouvés dans cette situation de chercheur d’emploi… Pour l’association 60 000 Rebonds, qui accompagne les ex-chefs d’entreprise, ayant déposé le bilan depuis moins de deux ans, dans leur (re)construction personnelle et d’un projet professionnel, le constat est clair : « Souvent, ils ont besoin de conseils pour faire leur CV, se préparer à l’entretien, constate Soazig Renault, déléguée générale de l’association, qui compte 200 bénévoles et 65 entrepreneurs en rebond (EER) dans le Grand Ouest… Et pour ceux qui décrochent un rendez-vous, le choc est parfois insoutenable car ils se rendent compte qu’ils font peur. Notamment parce que, de par leur expérience, on peut les suspecter par exemple de vouloir, un jour, prendre la place du patron… mais aussi à cause de leur échec, considéré négativement. » Augmenter les possibilités des EER de l’association de franchir le pas est la raison de la création, en avril 2018, d’un « Club RH » à l’antenne Grand Ouest de l’association basée à Nantes. En 2017, 35 % d’entre eux ont « rebondi » en devenant salariés et 65 % ont créé leur entreprise, constate Soizig Renault. Mais la tendance va de plus en plus dans le sens de la recherche d’un travail salarié, et cette volonté est désormais présente pour la majorité des entrepreneurs en rebond. Cette voie n’est pas obligatoirement pour eux un projet à long terme : « La plupart n’ont pas de droit aux indemnités chômage, et se retrouvent face à une urgence alimentaire, ils sont donc parfois amenés à effectuer pendant une période des emplois relais en attendant de se lancer dans un nouveau projet. »

Que faire pour faciliter cet accès ? « Nous avions deux possibilités, explique Philippe Dreigniaud, coach de profession, coach référent de l’antenne nantaise de l’association et pilote du Club RH. Soit inclure un nouvel accompagnement spécifique au sein de l’association, soit travailler en partenariat avec des structures liées à l’emploi salarié. Nous avons choisi la seconde, et réuni une première fois en janvier dernier des acteurs locaux de l’emploi. » Sept d’entre eux (Adecco, RH Solutions, Right Management, Axelis, Exonova, Venetis et Cadres en mission) ont accepté de mettre à disposition leurs services pour accompagner des entrepreneurs en rebond. « Nous ne voulions pas créer une usine à gaz avec une multiplicité de structures, mais proposer aux EER une diversité de dispositifs et des sociétés de tailles différentes qui pourraient leur correspondre à un moment de leur parcours », explique Philippe Draignaud. Portage salarial, intérim, groupement d’employeurs proposant des emplois à temps partagé, outplacement… les entrepreneurs en rebond pourront choisir à un moment de leur parcours (de deux ans maximum) et en complémentarité avec l’accompagnement de leur parrain, de contacter l’une ou l’autre des structures pour bénéficier gratuitement (pour les sociétés autres que les entreprises de portage salarial qui, elles, proposent des tarifs préférentiels) de leurs services. Un engagement assez fort pour des entreprises qui intègrent ce soutien dans une démarche d’inspiration RSE (responsabilité sociétale d’entreprise) mais bénéficieront également d’une visibilité dans le réseau de l’association. « Ils feront ainsi partie de l’écosystème de 60 000 Rebonds, auront leur logo lors des évènements que nous organisons… », explique Philippe Draignaud. Une commission composée d’EER, de membres de l’association et de partenaires s’est réunie une première fois pour se pencher sur la façon, pour les entrepreneurs, de valoriser leur parcours auprès d’employeurs potentiels. Et de faire de leur échec une force et un atout, leitmotiv de l’association… Le Club RH sera présenté en juin à l’occasion du bureau national de l’association organisée à Nantes. Et pourrait bien inspirer d’autres régions.