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Sur le terrain

Compétences : Paca : la métallurgie en pénurie de candidats et d’apprentis

Sur le terrain | publié le : 04.06.2018 | Benjamin D’Alguerre

Les entreprises industrielles de la région Paca peinent à recruter, faute de candidats intéressés par les postes à pourvoir. Cette pénurie structurelle se fait également sentir dans les centres de formation d’apprentis de la branche, malgré les débouchés.

Paca recherche métallos désespérément. Année après année, les entreprises métallurgiques provençales continuent à tirer la langue pour parvenir à recruter les compétences dont elles ont besoin. Et sont loin d’y parvenir : plusieurs milliers d’emplois dans la filière restent non pourvus faute de candidats adaptés, selon les chiffres avancés dans la région. L’édition 2018 de l’enquête régionale en besoin de main-d’œuvre (BMO) de Pôle emploi place d’ailleurs les métiers de la filière dans les plus hautes strates des secteurs connaissant des difficultés à recruter. Ainsi, le taux de difficulté au recrutement s’élève à 78,5 % pour les ouvriers qualifiés, 81 % pour les chaudronniers, 82,6 % pour les techniciens en mécanique et travail des métaux… Et la liste est longue, malgré la présence dans la région de grands groupes, actifs notamment dans l’aéronautique (Dassault Aviation, Airbus Helicopters, Thales Aliena Space) ou l’industrie de pointe (Arcelor-Mittal, Naval Group, ST Micro Electronics, Enedis, EDF…)

La problématique ne date pas d’hier. En 2005, déjà, l’Observatoire régional des métiers de Provence-Alpes-Côte d’Azur publiait une note relative à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur en soulignant l’éparpillement géographique des entreprises pour expliquer ces difficultés à attirer les candidats. Au point que certains employeurs étaient contraints de multiplier les avantages en nature pour attirer les hauts profils et les jeunes : « salaire de 20 % plus élevé que le marché, CDI, voiture neuve équipée d’autoradio laser et de climatisation, vêtements de travail, tickets-restaurant, possibilités de gagner beaucoup plus avec les astreintes… », énumérait à l’époque l’un d’eux. En presque quinze ans, la situation a peu évolué : preuve en est le double accord signé en mars 2017 par l’UIMM Alpes-Méditerranée et quatre organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE-CGC, FO). Objectif : déployer des actions de formation à destination des salariés des PME/TPE de la branche dont le chiffre d’affaires connaît une baisse conséquente (jusqu’à 50 %) du fait de l’absence de compétences internes.

Une campagne pour recruter

Dans ces conditions, les candidats à des cursus en apprentissage dans le secteur métallurgique ne se bousculent pas davantage aux portes des centres de formation. Le Pôle formation de l’UIMM Paca, qui chapeaute notamment le CFA d’Istres (Bouches-du-Rhône), déplore ainsi, depuis plusieurs années, un manque flagrant de candidats pour ses cursus (hors ingénieurs). Le Pôle vient d’ailleurs d’engager une campagne pour recruter quelque 140 jeunes en bac pro pour la rentrée 2018 en vantant notamment les taux de réussite de cette voie de formation : presque 100 % d’admission au bac, 85 % d’insertion dans l’emploi à six mois. « Par ailleurs, nous organisons des séances de préparation opérationnelle à l’emploi (POE) de 140 heures afin de remettre à niveau les candidats à l’apprentissage qui feraient l’objet de lacunes en matière de connaissances de base », explique-t-on au sein du Pôle. De l’aveu des observateurs, cependant, ce manque d’une centaine d’alternants par an dans des promotions qui pourraient en compter près de six cents, est chronique depuis plusieurs années. « La pénurie d’alternants devient structurelle. La faute à une mauvaise image de l’industrie, associée à des métiers pénibles et mal payés. Pourtant, les postes proposés dans la région relèvent plutôt de l’industrie du futur et des nouvelles technologies », indique-t-on dans la branche.

Le plan d’investissement compétences (PIC) lancé par le gouvernement qui prévoit de former un million de jeunes et un million de chômeurs au plan national sur les métiers d’avenir ou en tension pourrait constituer l’occasion de compenser cette pénurie. Les industriels provençaux l’espèrent en tout cas. Car leurs prévisions estiment qu’à un horizon de quelques années, ce sont quelque 10 000 recrutements qui sont prévus dans la région.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre