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Emploi : Transitions professionnelles recherchent accompagnement

L’actualité | publié le : 04.06.2018 | Benjamin D’Alguerre

La question des transitions professionnelles devient un enjeu essentiel à l’heure de la transformation massive des métiers et des parcours chaotiques dans l’emploi qui son le lot commun des actifs. Mais l’accompagnement nécessaire n’est pas au rendez-vous.

La transition professionnelle, les actifs français connaissent. Et ils la pratiquent, à en croire les dernières données de l’Observatoire des trajectoires professionnelles Adecco-Altedia-IGS publiées le 28 mai. Ainsi, sur la séquence 2015 à 2017, 26,9 % des actifs occupés (hors demandeurs d’emploi) ont, chaque année, connu une transition professionnelle au cours des douze mois précédents. Davantage encore pour les femmes (30,5 %), les jeunes (49,6 % pour les 18-26 ans et 34 % pour les 27-34 ans), les sexagénaires (38,1 %), les CSP – (27,6 %) et les habitants des zones rurales (30,3 %). Côté éducation, deux populations sont particulièrement concernées : celles qui n’ont pas dépassé le collège (qui vivent des situations de transitions subies) et celles dont le niveau s’étale entre le bac + 3 et le bac + 8 (pour qui les transitions sont davantage choisies).

Plus surprenant : « La mobilité semble créer de la mobilité », indique Ludovic Taphanel, enseignant-chercheur au LISPE (Laboratoire d’innovation sociale et de performance économique), le lab RH de l’IGS. Pour preuve, 10,9 % des actifs occupés envisagent de quitter leur emploi dans l’année à venir, 11,9 % pensent à changer de profession. Et la proportion est encore plus grande chez ceux ayant connu une transition lors de l’année écoulée puisqu’un sur cinq souhaite changer de profession. « Certaines transitions ne parviennent pas à stabiliser l’individu dans une situation professionnelle satisfaisante », décrypte Ludovic Taphanel. En cause, la réalité des transitions subies plutôt que choisies – enfilade de CDD ou de missions d’intérim, multi-activité, emploi exercé par défaut après une longue période de chômage, retraités cumulant pension et activité… – mais aussi la surqualification qui oblige les individus à occuper un emploi sous-qualifié par rapport à leur niveau de formation. 22 % des actifs (et 25 % des actives) se pensent dans cette situation.

« Cette situation du marché du travail oblige à se questionner sur les dispositifs existants pour accompagner les transitions d’emploi », note l’Observatoire. Problème : ces derniers sont peu connus des actifs. 63,3 % d’entre eux jugent ainsi difficile – voire « très difficile »  – de trouver les informations nécessaires à un changement de carrière. 46,3 % avouent ne pas savoir vers quel interlocuteur se tourner. Côté information, ils ne sont « que » 57 % à admettre connaître l’existence du conseil en évolution professionnelle (CEP), sans pour autant être certains d’identifier le bon interlocuteur pour le mobiliser. Pire : 25,2 % indiquent ne pas faire confiance aux cinq opérateurs agréés (Pôle emploi, Fongecif et Opacif, missions locales, Apec, Cap emploi). « Ce ne sont pas des acteurs identifiés pour une transition professionnelle », explique Ludovic Taphanel. Et, dans l’entreprise, la projection professionnelle n’est pas assurée non plus : seuls 30 % des sondés indiquent avoir réalisé leur entretien professionnel que la loi du 5 mars 2014 a rendu obligatoire tous les deux ans. « Ils devraient être 50 % », calcule l’enseignant du lab RH de l’IGS. En revanche, ceux dont les employeurs se sont conformés à cette obligation s’en disent largement satisfaits (4 actifs sur 5).

Des dispositifs peu connus

La question des moyens à mettre en branle pour assurer cette transition professionnelle pose également problème puisque 70,6 % des actifs n’ont jamais ouvert leur compte personnel de formation (CPF) sur le site de la Caisse des dépôts, même si l’outil existe depuis le 1er janvier 2015. 46 % avouent même ne pas savoir de quoi il s’agit et 2,7 % ont renoncé à ouvrir leur compte car la manœuvre est jugée trop complexe… Au total, ils ne sont que 3,6 % à avoir sollicité une formation au titre du CPF. L’explication de cet échec en demi-teinte, selon l’Observatoire ? L’absence d’accompagnement des actifs dans leurs démarches. Y remédier devient quasiment une obligation à l’heure où 30 à 40 % des emplois seront durablement transformés par le numérique (selon l’étude The Future of Workplace 2018 de McKinsey). Et surtout un enjeu dans le cadre de la réforme de la formation qui s’annonce.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre