logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Transition écologique : Formation « verte » : l’offre française n’est pas au niveau

L’actualité | publié le : 21.05.2018 | B. D’A.

Le Céreq pointe le manque de compétences des organismes de formation français en matière de transition écologique et énergétique. Ceux-ci préfèrent recourir à de la sous-traitance spécialisée plutôt que de développer des compétences internes.

Le secteur de la formation continue « verte » n’a pas atteint le niveau de maturité requis par les enjeux de la transition énergétique et écologique, indique le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) dans les conclusions de l’enquête « Former vert », publiées en avril. Et pour cause, notent Alexandre Meliva et Christèle Gauthier, les deux auteurs de l’étude : le marché de la formation écologique est encore émergent, le niveau d’expertise demandé y est très élevé mais, pour l’heure, aucune classification officielle ne vient l’encadrer. « Cette économie ne peut pas encore s’appuyer sur un corpus stable de savoirs et de compétences bien identifiés », expliquent-ils. Résultat : l’offre de formation présente est peu lisible par les acteurs, faute de référentiels partagés et d’une culture commune. Ainsi, en 2014, année de l’enquête, seuls 3 000 organismes de formation (sur 60 000 recensés en France) étaient actifs sur le domaine environnemental. Et, sur les 250 retenus par le Céreq pour réaliser l’étude, 40 % avouaient ne pas avoir dispensé de formations à visée écologique l’année précédente.

L’enquête aura permis aux experts du Céreq d’identifier quatre grandes configurations définissant le périmètre du marché – encore mal défini – des formations « vertes ». En premier lieu, les formations longues durées à destination des demandeurs d’emploi, dispensées par des organismes publics ou parapublics « généralistes » (Greta, Afpa, Centres de formation pour la promotion agricole) débouchant sur une certification reconnue par les pouvoirs publics. Suivent les formations post-bac sur des sujets de haut niveau (économies d’énergie, génie climatique, prévention de l’environnement, risque industriel), réalisées auprès de prestataires universitaires (70 %) ou privés (30 %). S’ajoutent les formations techniques courtes (tournées pour l’essentiel vers les économies d’énergie ou la gestion des déchets) à destination des entreprises agricoles ou du BTP, assurées par des organismes privés (20 %), associatifs (20 %) ou, dans une moindre mesure, dépendant des chambres consulaires (8 %). Reste, enfin, le domaine des formations aux nouvelles normes et réglementations dispensées dans le cadre de la prévention des risques (CACES, certificat d’aptitude à la conduite en sécurité) ou de la préservation de l’environnement (Certiphyto pour l’agriculture, RGE pour le bâtiment…). Selon le Céreq, ce dernier domaine apparaît comme le plus économiquement mature des quatre, de par son caractère obligatoire.

Une nébuleuse

À en croire le Céreq, l’offre de formation sur le développement durable demeure encore « une nébuleuse » aux contours mal identifiés. Difficile, dans ces conditions, d’imaginer des réponses rapides aux injonctions de la loi « transition énergétique et croissance verte » du 17 août 2015 ou du plus récent Plan d’investissement compétences (PIC) lancé en novembre 2017. En février 2015, un rapport du Cnefop pointait d’ailleurs l’importance d’une structuration rapide du marché de la formation et de la certification « vertes ». La tâche risque de s’avérer d’autant plus ardue que l’enquête du Céreq révèle une cruelle absence de compétences internes en la matière au sein des organismes de formation susceptibles de s’engager sur ce marché, ces derniers préférant le plus souvent recourir à des sous-traitants extérieurs plutôt que de développer eux-mêmes les savoir-faire nécessaires. « À défaut d’intégration pleine et entière [aux organismes de formation], une meilleure association de ces professionnels aux ingénieries des formations ainsi qu’un investissement parallèle dans la formation des formateurs permettraient d’inscrire durablement cette expertise dans l’offre de formation continue », recommande le Céreq. À voir si les organismes de formation sauront relever le défi.

Auteur

  • B. D’A.