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Expatriation : La retraite européenne fait son chemin

Le point sur | publié le : 14.05.2018 | L. Z.

De plus en plus de grandes entreprises réfléchissent à offrir un système de retraite unique à leurs salariés expatriés à travers l’Europe.

C’est une tendance de fond, qui ne demande qu’à se concrétiser plus franchement. Pour les grandes entreprises, qui envoient des salariés à travers l’Europe, ceux-ci faisant souvent un « tour » de plusieurs pays au cours de leur carrière, l’idée de regrouper les actifs qui sont gérés pour l’instant via des gestionnaires, ou des assureurs locaux, comme c’est particulièrement le cas en France, et de les transférer vers un seul gestionnaire administratif et financier prend forme. « Nous sommes sollicités par de grandes entreprises qui nous demandent de venir expliquer aux DRH, aux salariés, aux partenaires sociaux la façon dont les choses fonctionnent et les avantages que ce système procure », confirme Marc Salameh, responsable de l’activité conseil en avantages sociaux, pôle Retraite et investissement, chez Aon.

Conserver les mêmes supports

Les avantages sont en effet évidents. Pour les salariés, à condition qu’ils restent chez le même employeur, c’est la garantie de pouvoir, quel que soit le pays où ils travaillent en Europe, conserver les mêmes supports d’investissement, au lieu de devoir liquider leurs avoirs et de réinvestir ailleurs à chaque fois qu’ils changent d’affectation géographique dans l’Union. Pour les entreprises, au-delà du renforcement de la marque employeur, plus visible à l’échelle européenne, c’est la possibilité de faire des économies d’échelle. Mieux vaut en effet confier de gros montants à un seul gestionnaire plutôt que de passer par une multitude de petits établissements qui gèrent des montants moins élevés. « Nous avons des contacts avec des multinationales françaises et étrangères, installées un peu partout en Europe, qui nous demandent des analyses comparatives et s’aperçoivent que des produits comme Aon United Pensions sont plus avantageux, d’autant que les produits peuvent être labellisés », ajoute ce spécialiste, en faisant référence à la solution, multi-employeurs et multipays, que propose le cabinet. Et qui offre des garanties de gouvernance, de professionnalisme dans les investissements, de coûts réduits, puisque partagés, et de services aux collaborateurs. « C’est le sens de l’histoire, se réjouit Marc Salameh. L’intégration européenne est de plus en plus profonde, la mobilité, que l’on pourrait qualifier d’Erasmus Pro, est de plus en plus forte chez les cadres des grandes entreprises, et il est logique que les systèmes de retraite supplémentaire offerts par les employeurs reflètent cette évolution. »

Déjà prévue par la directive européenne IORP (pour Institutions for Occupational Retirement Provision) de 2003, la notion de pension transnationale au sein de l’Union a eu du mal à prendre forme sur le terrain. Puis elle a été renforcée par une autre directive, impliquant des standards communs en termes de gouvernance et de règles concernant l’analyse des risques, entre autres, pour rendre éligibles aux fonds de pension européens les véhicules de retraites des États membres. Conséquence, le concept a finalement décollé ces derniers temps.

“Exception française”

Et les professionnels français ont une carte à jouer ! De fait, les produits d’investissement retraite sont obligatoirement gérés par des assureurs ou des institutions dans l’Hexagone. Or les regroupements, dans la profession, ont été nombreux ces dernières décennies. Résultat, les assureurs français, une dizaine environ, qui gèrent des encours totalisant quelque 130 milliards d’euros, ont une force de frappe colossale sur les marchés et sont particulièrement compétitifs. Une « exception française » qui leur permet d’envisager, comme certains le font déjà, de conquérir le marché européen en offrant des produits transfrontières aux grandes entreprises, face à des intervenants dont l’activité est encore très morcelée dans d’autres pays d’Europe. Et pas question de se cantonner à l’UE ! Les multinationales ont désormais tendance à regrouper leurs fonds de pension par régions du monde pour proposer une offre unifiée. Et les institutions spécialisées dans ce type de produits d’investissement s’adaptent pour offrir les services dont les multinationales ont besoin – et, pour les assureurs français, conserver une longueur d’avance…

Auteur

  • L. Z.