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Formation : Secteur de la propreté : la certification en danger

L’actualité | publié le : 07.05.2018 | Benjamin d’Alguerre

La Fédération des entreprises de propreté (FEP) redoute que la disparition de la période de professionnalisation et la monétisation du CPF ne fassent s’effondrer la dynamique de certification dans la branche.

Pour le secteur de la propreté, le big bang de la formation promis par la ministre du Travail Muriel Pénicaud pourrait se traduire par un big crash. Celui de la politique de certification de la branche, en l’occurrence, conséquence de la disparition annoncée de la période de professionnalisation dans le projet de loi présenté le 27 avril dernier en conseil des ministres. Pour la FEP, qui avait fait de ce dispositif de certification des salariés les moins qualifiés un outil d’ascension sociale, le coup est rude. « Nous redoutons un effondrement des certifications dès 2019 », explique Carole Sintès, directrice générale de la Fédération.

Premier accès à la qualification

Pour les 500 000 salariés de la branche, dont 50 % ne possèdent aucun diplôme, la professionnalisation représente souvent le premier accès à la qualification via l’un des dix CQP (certificats de qualification professionnelle) développés par la FEP depuis 2007. Au total, le secteur a délivré quelque 25 000 certificats, soit 3 500 par an, depuis l’entrée du dispositif dans sa vitesse de croisière vers 2010. Et à raison d’un coût moyen de 4 000 euros par CQP, les ressources de l’Opca Transports et services (l’Opca de branche de la propreté), bouleversées par les nouveaux fléchages financiers prévus par la réforme, risquent de se révéler insuffisantes pour assurer la poursuite de cette dynamique de certification. « À moins d’imaginer la mise en place de nouvelles contributions conventionnelles spécifiques qui risqueraient d’être mal accueillies par les entreprises du secteur », précise Philippe Jouanny, président délégué de la FEP.

L’autre risque pour la formation des salariés du secteur de la propreté, c’est la bascule d’une partie des financements mutualisés vers un nouveau CPF monétisé et mobilisable via une application disponible sur mobile. Si l’objectif affiché du gouvernement est de rendre la formation accessible à chacun, la FEP assure qu’un tel dispositif direct ne convient pas aux salariés de ses entreprises. « C’est à mille lieues du niveau de notre public qui, parfois, ne possède ni smartphone, ni ordinateur et n’est pas culturellement armé pour s’engager dans de telles démarches logistiques d’accès à la formation ! », s’exclame Philippe Jouanny. Le CPF n’a d’ailleurs jamais vraiment pris dans le secteur puisque seuls 5 000 dossiers ont été validés depuis la mise en place du dispositif en 2015. « Et encore s’agissait-il à 95 % de dossiers coconstruits entre l’entreprise et le salarié à partir d’un compte crédité en heures et grâce à des abondements de l’Opca. Avec un crédit en euros et sans suffisamment de fonds mutualisés pour abonder, il risque d’être difficile de convaincre les individus de mobiliser ce qu’ils considéreront comme « leur » argent pour se former », précise Loys Guyonnet, directeur des relations publiques de la Fédération. De quoi donner un brutal coup d’arrêt aux politiques de formation du secteur.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre