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Paritarisme : Medef : ramener la négociation au niveau de l’entreprise

L’actualité | publié le : 30.04.2018 | Benjamin d’Alguerre

Pierre Gattaz passera le relais de la présidence du Medef en juillet. Il enjoint à son successeur de poursuivre le mouvement de retrait du paritarisme de gestion dans la foulée des réformes engagées par Emmanuel Macron.

Ce n’est pas un testament politique, mais ça y ressemble. Dans un petit livret bleu de 46 pages, édité par le Medef, Pierre Gattaz résume ses « cinq années de combat » à la tête de l’organisation patronale. S’il n’est pas directement adressé à celui – ou celle – qui lui succédera en juillet prochain, ce petit vade-mecum trace cependant la route sur laquelle le patron de Radiall souhaite voir le mouvement s’engager. Avec comme chantier principal le repositionnement de l’organisation patronale au sein du paritarisme, ce système de cogestion d’organismes sociaux. « Le nouveau paritarisme doit s’effectuer sur un périmètre plus étroit », a résumé le bientôt futur ex-patron des patrons à l’occasion de sa conférence de presse mensuelle du 17 avril 2018. En clair : en finir avec la gestion d’organismes nationaux (CAF, assurance-maladie…) et ramener le dialogue social au niveau des branches et – surtout – des entreprises. À l’État la définition de la norme sociale, aux partenaires sociaux de se concentrer sur les sujets business qui occupent les entreprises : numérisation de l’économie, influence de l’intelligence artificielle sur l’emploi, marchés émergents, état du monde à l’horizon 2030… « S’il ne doit rester qu’une seule chose dans le paritarisme, que ce soit la formation », tranche-t-il.

Une opinion globalement partagée

Le désengagement du Medef des instances paritaires constitue une opinion globalement partagée par la majorité des candidats à sa succession, à en croire le grand oral des programmes de campagne organisé le 10 avril par l’association patronale Ethic. Y compris par Alexandre Saubot, l’un des favoris de la compétition, ex-patron de l’UIMM pourtant présenté comme l’un des plus attachés à la préservation du paritarisme de gestion. Durant le mandat de Pierre Gattaz, le Medef a participé à sept négociations interprofessionnelles, dont cinq se sont traduites par des accords. Du temps perdu pour les entreprises, selon lui, d’autant que le patron des patrons n’a manifestement pas digéré la transposition dans la loi de l’ANI 2013 sur la sécurisation de l’emploi, « largement durcie » par le Parlement. « Durant mon mandat, j’ai fait 90 % de social », explique-t-il. « À Radiall, avec mes partenaires sociaux, on parle de management, de prospective, d’attractivité des métiers… mais je n’appelle pas ça du social. Le social, c’est du juridique. Nos DRH sont de moins en moins managers et de plus en plus juristes. » Et de citer en exemple la méthode adoptée en Allemagne pour les réformes Schröder-Hartz du travail, lorsque l’État a choisi de reprendre les choses en main sans passer par la case dialogue social. Un modèle à suivre ? « En tout cas, la tendance de fond, impulsée par les ordonnances Macron réformant de Code du travail, semble aller dans ce sens. » C’est dit.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre