Imprimé sur papier glacé, illustré de splendides photos de paysages et ponctué d’assertions bien senties sur les atouts culturels, sportifs et même météorologiques du département, le guide Je vois la vie en Vosges ressemble à s’y méprendre à un dépliant touristique. Ce sont pourtant les entreprises du département qui en ont conçu l’argumentaire. Réunies au sein de l’association Ambassadeurs des Vosges, elles entendent ainsi tordre le cou à certains clichés, revendiquer le caractère industriel et technologique du département et mettre en exergue les atouts susceptibles de convaincre cadres, techniciens ou étudiants de venir faire carrière dans les Vosges.

« Édité à 5 000 exemplaires en juillet dernier, la brochure est en cours de retirage, car les entreprises du réseau Ambassadeurs des Vosges l’ont largement distribué lors des entretiens d’embauche, dans les salons professionnels ou auprès des universités », indique Camille Pennamen, chargée de mission développement territorial au service Économie et mobilité du Département. Fondé voici dix ans sous l’égide de la collectivité, les Ambassadeurs comptent aujourd’hui 130 membres représentant 10 000 salariés pour environ un 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Les grands groupes de papeterie, de mécanique ou de textile y côtoient des sociétés de services ou des artisans de l’économie forestière. Les professions libérales, agences de publicité ou cabinets qui n’auraient d’autre motivation que d’y rechercher des clients potentiels en sont exclus, la raison d’être du réseau consistant essentiellement à véhiculer une image positive des Vosges et de ses entreprises.

« Le département présente un solde migratoire négatif. Il n’est pas facile d’y recruter des cadres ou d’y faire revenir les jeunes après leurs études. Il nous a paru d’autant plus utile de mettre en valeur l’existence de belles entreprises et de bonnes conditions de vie et de travail pour leur donner envie de s’installer dans les Vosges », témoigne Isabelle Depa, responsable de la cellule commerciale du groupe Livio, qui regroupe 11 sociétés de BTP pour 400 salariés. Difficile à chiffrer, l’impact sur le recrutement est néanmoins avéré : les Ambassadeurs s’échangent volontiers les candidatures dont ils n’ont pas l’usage immédiat.

Le recrutement constitue l’un des principales thématiques des groupes de travail auxquels participent les DRH, dirigeants ou responsables marketing des Ambassadeurs. Les réflexions collectives ont notamment permis de pointer les difficultés que rencontrent les conjoints de salariés arrivant dans les Vosges. Une convention prévue ce printemps avec Pôle emploi permettra de leur proposer, avant même leur inscription, une présentation individuelle du bassin d’emploi local et un accompagnement personnalisé pour établir un projet professionnel. Le réseau envisage également d’organiser à l’intention des nouveaux salariés une soirée d’intégration inspirée des rencontres de bienvenue offerte par les villes aux nouveaux arrivants.

« Le réseau nous permet de nous faire connaître, de partager nos expériences avec d’autres entreprises du territoire et d’assurer une promotion collective, notamment auprès des étudiants des grandes écoles », témoigne Pascale Frémiot, responsable de la Trane Academy et de la communication interne de Trane, spécialiste mondial de l’air conditionné qui emploie 650 personnes sur ses deux sites vosgiens. Les Ambassadeurs des Vosges ont ainsi accueilli sur leur site les étudiants de réseau Artem, qui regroupe trois grandes écoles de Nancy, et conservent de cette visite un vivier potentiel de candidatures. Caractérisées par une industrie vivace, mais disséminée dans des monts et vallées dispersés, les Vosges cultivent depuis une décennie la culture des réseaux. Les Ambassadeurs des Vosges tendent à devenir une marque employeur collective. Soucieux de maintenir le lien avec ses entreprises en dépit de la loi NOTRe, qui l’a privé de sa compétence industrielle, le département accentue sa présente auprès du réseau. Aux assemblées plénières, « speed meetings » et réunions de groupes de travail s’ajoutent depuis ce printemps des visites d’entreprise mensuelles qui conduiront les Ambassadeurs à se rencontrer jusqu’à vingt fois par an.