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Sur le terrain de la RSE

Management : Des abeilles pour la cohésion d’équipe

Sur le terrain de la RSE | publié le : 09.04.2018 | Dominique Perez

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Management : Des abeilles pour la cohésion d’équipe

Crédit photo Dominique Perez

Depuis deux ans, la société Nature et Aliments, située à Rezé en Loire-Atlantique, a accueilli de nouvelles pensionnaires. Des abeilles bourdonnent sur un terrain qui jouxte l’entreprise, hébergées dans deux ruches objets de tous les soins. Anecdotique ? Pas vraiment.

À l’origine, une rencontre : celle de Jérôme Courtin, apiculteur bio, et de la codirigeante de Nature et Aliments, société spécialisée dans la fabrication de préparations en poudre biologiques, desserts et aides culinaires. Une entreprise familiale, codirigée par Magalie Jost, qui comprend 19 salariés. « Nous apportons un soin particulier à la politique RSE, explique-t-elle. Dans ce cadre, nous travaillons avec un Esat (Établissement et service d’aide par le travail), et accueillons chaque semaine, dans nos murs, 9 personnes handicapées. Nous cherchons toujours à mettre en place des actions allant dans le sens du respect de l’environnement, de l’implication sociale… c’est ainsi que nous avons choisi par exemple d’installer nos nouveaux locaux, en 2013, au milieu des champs. »

Un emplacement idéal pour accueillir de nouvelles locataires : des abeilles. « C’était très théorique au début, car personne ne savait vraiment comment on s’occupait de ruches. Nous avons appris par des salariés de l’Esat avec laquelle nous travaillions que leur établissement accueillait des abeilles. Nous avons alors contacté Jérôme Courtin, responsable du rucher du Champoivre, pour envisager cette possibilité. Nous avons présenté cette initiative lors de l’une de nos rencontres annuelles consacrées aux projets RSE. »

Basé à Heric, également en Loire-Atlantique, Jerôme Courtin a créé son activité d’apiculteur en 2011, après un parcours qui ne l’y prédestinait pas vraiment. Cet ancien statisticien sportif au Paris Saint-Germain et à TF1, devenu responsable des paris sportifs à la Française des Jeux, a quitté son travail à la suite d’un conflit de valeurs. « J’avais proposé un programme concernant l’addiction au jeu qui n’a pas été retenu. J’ai eu l’impression de faire plus de mal que de bien dans mon job. »

Parrainage

Propriétaire de quelques ruches, il décide de développer les parrainages auprès de particuliers. « Ce sont au départ des particuliers chefs d’entreprise qui m’ont suggéré d’élargir le principe aux sociétés, explique Jérôme Courtin. Certains ont vu l’intérêt pour la cohésion d’équipe, le développement de la politique RSE… » Avec également un avantage financier certain : le coût d’achat, d’installation et d’entretien d’une ruche, d’en moyenne 900 euros annuels, n’a que peu à voir avec un week-end de golf ou un séminaire, lui fait remarquer un de ses clients. Et surtout, « l’effet dure toute l’année. »

Aujourd’hui, deux formules sont proposées : soit le « parrainage » d’une ruche au sein de la ferme, le rucher de Champoivre, où les salariés peuvent venir voir les ruches ou extraire le miel, soit accueillir une ou plusieurs ruches près de leur entreprise, quand les conditions s’y prêtent. C’est le choix de Nature et Aliments, qui a fait sa première récolte de miel l’été dernier. « Nous avons organisé ce temps entre 12 h et 14 h, pour que tous les salariés puissent venir, explique Magalie Jost. Nous avons pu cette année faire 20 pots de miel. »

Mis en pot par des Esat et décoré par des enfants des écoles et d’associations travaillant avec des jeunes en difficulté, c’est bien le miel récolté par chaque entreprise qui est redistribué, et les logos et noms des entreprises y sont apposés. À l’heure où les entreprises cherchent à développer leur marque employeur, l’idée semble séduisante : « Nous avons communiqué sur la présence des abeilles dans notre entreprise sur notre carte de vœux, et Jérôme Courtin était présent à nos portes ouvertes. Nous avons eu de bons retours des clients. » En fonction des entreprises, l’offre se décline sous plusieurs formes, par exemple des ateliers bougies avec les enfants des salariés. Non sincères s’abstenir : « Les entreprises qui veulent seulement communiquer à travers cela, je ne les accepte pas », explique Jérôme Fortin. Un indice : « Quand je ne vois aucune pâquerette ou aucune mauvaise herbe sur le terrain, je fais demi-tour. » Usage des désherbants chimiques proscrit.

Auteur

  • Dominique Perez