Sous un titre provocateur, l’économiste Thomas Coutrot livre un long plaidoyer en faveur d’une démocratisation du travail. Alors « que la moitié des salariés expriment un mal-être au travail, il faut en finir avec le dogme libéral et la machine à extraire le profit qui écrase le travail vivant », assène ce spécialiste des conditions de travail à la Dares. L’essai, qui n’a rien d’un pamphlet marxiste, n’est guère tendre avec la gauche et des syndicats qui « ont toujours privilégié le pouvoir d’achat sans remettre en cause les rapports de domination et l’organisation néo-taylorienne du travail ». Mais il interroge surtout les expériences nouvelles pour redonner du pouvoir aux salariés : l’entreprise libérée (où l’auteur montre son scepticisme), les coopératives ou les réseaux alternatifs dans l’écologie qui ont sa faveur, « mais restent négligés des pouvoirs publics ». Dans cet inventaire foisonnant, l’ancien porte-parole d’Attac aborde un point névralgique : la réforme de la gouvernance des entreprises. Car libérer le travail signifie pour lui « que les salariés puissent prendre réellement des décisions sur leurs conditions de travail ou les emplois ». En s’appuyant sur la recherche, Thomas Coutrot esquisse quelques pistes : création d’une chambre intermédiaire de décision pour contrebalancer le pouvoir du conseil d’administration, élargissement du CSE aux parties prenantes…