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Initiative : « L’entreprise doit prendre une part active dans la formation »

Le point sur | publié le : 09.04.2018 | Lys Zohin

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Initiative : « L’entreprise doit prendre une part active dans la formation »

Crédit photo Lys Zohin

Alors que son entreprise de transport accroît ses activités, Jacques Cobigo se heurte au manque de chauffeurs routiers pour répondre à cette croissance. Il décide alors d’organiser la formation de sa future main-d’œuvre. Depuis, son initiative fait des émules.

« Il y en a deux qui démarrent en ce moment même leur vie de chauffeur chez moi » : Jacques Cobigo, patron (après son père et son grand-père) de l’entreprise de solutions de transports Cobigo, dans le Morbihan, fait référence, non sans fierté, aux deux nouveaux chauffeurs routiers, issus de la promotion de candidats envoyés par Pôle emploi, sélectionnés par ses soins, puis formés d’abord via un organisme de formation, et enfin, au sein même de l’entreprise. Aujourd’hui, ils peaufinent leur savoir-faire, avant d’être définitivement embauchés chez Cobigo. « C’est la deuxième promotion et je prépare déjà la troisième ! », déclare le patron de PME avec enthousiasme. Deux ans plus tôt, l’accroissement d’activité que connaît Cobigo implique d’embaucher quatre chauffeurs supplémentaires dans une société qui en compte déjà 80. Or « impossible de trouver des candidats à l’embauche », se souvient Jacques Cobigo. Il recourt à l’intérim, mais le résultat n’est pas concluant, pas plus que ne l’est une révision à la baisse des critères de sélection des candidats, évidemment. Pour une société qui a pour objectif d’avoir en permanence un taux de livraison en temps et en heure de 98,5 %, la situation n’est pas acceptable. Le printemps et l’été sont difficiles. À la rentrée 2016, en désespoir de cause, Jacques Cobigo lance, devant ses salariés, un appel aux bonnes idées. « Et c’est là que l’idée d’une mini-école a surgi », raconte-t-il.

Il se rapproche d’un chargé de clientèle de Pôle emploi d’une part, et d’une animatrice dans une école de formation, d’autre part, et le projet prend bientôt forme. Les candidats – des chômeurs, de préférence avec une première expérience technique réussie – sont repérés, puis sélectionnés, et enfin formés, pendant six mois, en partie dans l’école de formation, en partie dans l’entreprise, dans laquelle ils commencent d’ailleurs par deux semaines d’immersion. « Je dis très clairement aux candidats qu’il y a un CDI à la clé, précise Jacques Cobigo, ce qui les aide à se projeter, et je leur montre l’esprit de l’entreprise : nous faisons attention aux gens chez nous. »

Préparer la relève

Si c’est un dispositif de Pôle emploi, la préparation opérationnelle à l’emploi, qui finance la première partie de la formation, l’entreprise prend en charge la deuxième, en particulier le titre professionnel CE pour le permis poids lourd. « Je prépare la relève, souligne tout simplement Jacques Cobigo, et je suis convaincu que l’entreprise doit prendre une part active dans la formation. »

Et voici maintenant qu’il fait des émules. « Je milite pour que les entreprises forment leur personnel, plutôt que d’aller braconner chez les autres », dit-il. Il sait de quoi il parle : l’un de ses nouveaux salariés, formés par ses soins, a quitté l’entreprise un an après son embauche, « parce qu’il a trouvé un “meilleur poste” ailleurs ». Dans ces conditions, pourquoi ne pas associer d’autres entreprises à son projet ? Jacques Cobigo en parle à Regis Denoual, patron des transports Denoual, et à Raphaël Paitier, qui dirige Blue Road, les trois sociétés appartenant au réseau professionnel Astre. Les trois entreprises mettent en place le même dispositif, à savoir repérage, sélection, formation et embauche, in fine, de candidats aux nombreux postes de chauffeurs routiers dans la région, à une plus grande échelle, puisqu’au lieu des quatre candidats de Cobigo, ce sont actuellement 12 personnes qui sont en formation.

Auteur

  • Lys Zohin