Le spécialiste des RH Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur à HEC et président de l’AGRH, livre son analyse sur l’impact des outils liés à l’intelligence artificielle sur la fonction RH. Si les tâches simples seront prises en charge, rien, selon lui, ne remplacera l’humain lorsqu’il s’agira de gérer les émotions ou d’alerter sur l’éthique.
Comme dans d’autres métiers, les fonctions RH seront impactées par ces outils, mais de là à dire que tous les DRH seront remplacés par des robots, il y a un pas ! S’il est franchi un jour, ce ne sera pas avant 2030 ou 2050. Difficile de dire comment les choses vont évoluer, en fait…
Bien entendu. Pour des transactions simples, comme dire à un salarié quand il recevra son bulletin de paie, un chatbot peut représenter un apport potentiellement intéressant. Non seulement il prendra en charge la demande, mais on peut aussi penser qu’il sera plus efficace que l’humain. Cela dit, on atteint vite les limites : pour des questions plus complexes, il est à craindre que le chatbot ne sache pas répondre. Toujours est-il que le travail qu’il effectuera libérera les services RH, qui pourront alors se consacrer à autre chose. D’autant que dès que l’on parle d’émotions ou d’intuition, les robots ne sont pas encore à la hauteur !
En effet, certains outils font de l’analyse sémantique pour évaluer le niveau d’adaptabilité d’un candidat par exemple, ou s’appuient sur des données factuelles pour faire du matching de compétences, d’évolution de carrière, etc. Mais je ne vois ces fonctions que comme des aides à la décision humaine. Ce sont des outils très intéressants au demeurant, puisque l’IA peut être moins discriminante que l’humain, par exemple, mais de là à dire que l’avenir est au recrutement automatique, non, je n’y crois pas.
Si on n’y prend pas garde, c’est du domaine du possible. Mais je crois plutôt que l’IA est porteuse d’un rôle “augmenté”pour les RH. Non seulement ces spécialistes auront toujours la décision finale, qu’elle ait été aidée par des outils fondés sur l’intelligence artificielle ou non, mais surtout, deux rôles fondamentaux ne seront pas pris en charge par l’IA, celui de guide des personnes et celui de garant des valeurs. Ces aspects, dont celui d’alerter l’entreprise sur la dimension éthique, par exemple, seront essentiels à l’avenir.