Les facteurs n’auront bientôt plus à pousser leur chariot, ni à se pencher pour récupérer les colis logés au fond. La Poste expérimente actuellement à Nantes, Paris et Rueil-Malmaison un robot de livraison autonome avec des coffres ajustables, capable de monter et descendre les trottoirs, afin de faciliter leur quotidien. L’idée est de le déployer, ensuite, dans toutes les villes de France.

Équipé de lasers, cet « assistant de livraison » d’un genre nouveau suit ou précède le facteur dans sa tournée et se verrouille automatiquement à l’arrêt pendant que ce dernier livre le courrier. Cette sécurisation amènera un confort supplémentaire au postier qui aujourd’hui, pour éviter les vols, transporte avec lui les objets de valeur dans une sacoche dont le poids peut atteindre jusqu’à 8 kg. Si le robot va le soulager de cette charge, « il diminuera aussi le stress des facteurs quant aux objets qu’ils transportent », souligne Éric Gauthier, chef de projet robotique à La Poste.

« Les robots permettent de diminuer la pénibilité des tâches. Pousser un chariot, même s’il est adapté, est fatigant. Avec sa technologie laser, ce chariot suiveur, qui a été conçu avec l’aide d’ergonomes, va apporter une réponse adaptée au travail du facteur », indique Benjamin Demogé, directeur industriel logistique et systèmes d’information de la branche services courrier colis. D’autant qu’Internet change la donne : chaque année, le nombre de lettres diminue de 6 % à 7 %, tandis que le volume de colis s’accroît de 8 % et celui des petits paquets envoyés de l’étranger de près de 30 %, alourdissant toujours un peu plus le chargement du postier.

Le robot ne va pas seulement améliorer les conditions de travail des salariés, il va permettre également à La Poste d’optimiser l’organisation du travail et de gagner en compétitivité. Au lieu de se rendre régulièrement dans des dépôts relais, comme ils le font actuellement, pour se réapprovisionner en courrier durant leur tournée, ce qui entraîne pour eux de nombreuses manipulations, les postiers pourront emmener, en une seule fois, un plus grand volume de lettres et de colis dans le chariot suiveur. Le prototype existe en deux contenances : 300 litres et 1 m³, ce dernier pouvant accueillir jusqu’à 400 paquets. « Avec le chariot suiveur, une distribution de courrier qui, ordinairement, dure 4 heures peut être réalisée en 2 h 30 », constate Éric Gauthier. Mais l’enjeu est également d’ordre écologique. Le robot pourra être utilisé à la place des véhicules Diesel qui, non seulement polluent, mais bloquent la circulation chaque fois qu’ils s’arrêtent.

Cette innovation s’inscrit dans le projet « Bien dans son travail », lancé en 2017. Le programme prend en compte l’ensemble des aspects de la santé au travail (état de santé, inaptitude, âge, organisation du travail, prévention, mesures d’accompagnement au retour d’une absence de longue durée) afin de répondre à la hausse des absences pour maladie, le taux d’absentéisme ayant atteint, en 2016, 6,91 % contre 6,65 % en 2015, une augmentation principalement due aux arrêts de longue durée. « La santé et la sécurité au travail sont nos priorités. Or Les principaux métiers de La Poste sont physiquement exigeants, avec du port de charge et de la manutention, ils peuvent générer de la pénibilité ou de l’inaptitude, d’autant que la moyenne d’âge est aujourd’hui de plus de 47 ans », précise Florence Wiener, DRH adjointe. Cinq cents spécialistes de la prévention travaillent sur ces sujets au sein de la filière RH. La manutention et le tri demandent un effort particulier, qui peut fragiliser les muscles du dos, en particulier les lombaires et les épaules. C’est pourquoi la politique de prévention de La Poste comporte un important volet formation afin d’aider les collaborateurs à adopter les bons gestes et à respecter les règles d’utilisation des équipements qui contribuent à faciliter l’exercice de leur métier.