Soixante-dix pour cent des postes à pourvoir sur les métiers d’entrée de Crédit Mutuel Arkéa sont attribués à des femmes. Soixante-dix pour cent des postes de management des trois plus hauts niveaux sont confiés à… des hommes ! Un constat sans appel chez Crédit Mutuel Arkéa, qui s’est attaqué au problème de l’inégalité hommes-femmes avec retard, de l’aveu même de la responsable de sa mission mixité, Audrey Trotereau : « C’est seulement en janvier 2016 que nous avons initié une démarche structurée et volontaire. »

Première étape : en trois mois, un diagnostic « au peigne fin » a été réalisé, entité par entité, métier par métier, pour identifier les blocages. Pour le réaliser, la parole de 500 des 9 000 collaborateurs a été recueillie. Leurs constats ont été croisés avec 20 indicateurs chiffrés.

Résultat ? Six freins ont été relevés. L’organisation du travail et la gestion des carrières, le manque d’envie et de confiance en soi des femmes, le poids des réseaux et de la cooptation qui favorisent les hommes, le sexisme ou les préjugés et le non-accompagnement des congés maternité ont été pointés. Mais aussi un frein plus spécifique : l’existence de métiers très genrés au sein du groupe bancaire, comme les postes d’accueil en agence, très féminisés.

De ce diagnostic est né un plan de bataille. À court terme, il s’agissait de s’en prendre aux inégalités de salaires, qui atteignent encore près de 3 % à fonctions égales. Et à long terme, une volonté de sensibiliser tous les personnels s’est fait jour. D’abord avec une formation obligatoire pour tous les collaborateurs, qui devront l’avoir suivie au plus tard en 2020, d’une journée sur les stéréotypes et les biais même inconscients. Elle est portée par des ambassadeurs de la mixité (aujourd’hui au nombre de 390), formés pour, à leur tour, prêcher la bonne parole. Un module dédié aux managers, pour notamment les aider à repérer les phénomènes d’autocensure complétera le dispositif. Former les femmes au leadership devrait aussi, espère Audrey Trotereau, contribuer à « booster les potentiel(le)s ».

Vaste programme, donc, « stratégie des mille portes », dit Audrey Trotereau, qui commence à porter ses premiers fruits. D’abord, 38 des 40 entités du groupe ont mis en place des plans d’action, avec des mesures aussi pragmatiques que l’interdiction de réunions avant 9 h 30 ou après 17 heures. Autres évolutions, chiffrées celles-là : la part des femmes cadres s’établit à 28 % contre 19 % en 2014 ; en 2016, 46 % des personnes accédant à un poste clé étaient des femmes, contre 40 % un an plus tôt. Sur le secteur de la banque de détail, où tout restait à faire en matière de féminisation des postes de direction, en 2017, les petites agences ont confié ses missions à des femmes dans 38,4 % des cas (contre 33,5 % en 2015) mais les plus importantes n’ont vu ce chiffre grimper que de 21,4 % à 26,4 %. « Le signe que les choses bougent, observe Audrey Trotereau, et plutôt plus rapidement qu’ailleurs dans une structure de taille moyenne comme la nôtre. Mais il reste des sous-plafonds de verre. Les postes de management intermédiaires voient la féminisation progresser, bien plus que le management de haut niveau. »

• Aux entreprises

Tout faire évoluer simultanément, les mentalités et l’organisation, les process.

• Aux dirigeants

Accorder liberté et confiance à la mission mixité.

Autant que les moyens financiers, ce sont là les conditions de sa réussite.

• Aux équipes dans leur ensemble

Ne jamais relâcher la pression. Sinon tout peut s’effondrer aussi vite que cela s’est construit.