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Sur le terrain de l’emploi

Sourcing : La bonne boîte montre les offres cachées

Sur le terrain de l’emploi | publié le : 26.03.2018 | Pascale Braun

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Sourcing : La bonne boîte montre les offres cachées

Crédit photo Pascale Braun

Depuis la fin mars, Pôle emploi ajoute à ses offres la liste des entreprises susceptibles de recruter. Le service émane de La bonne boîte, qui couple intelligence artificielle et big data pour détecter les probabilités de recrutement.

Pour créer La bonne boîte, il fallait être au bon endroit. Conseiller Pôle emploi à Briey (Meurthe-et-Moselle) durant vingt ans, Éric Barthélémy a eu tout loisir d’observer les mécanismes du recrutement et de constater que l’essentiel des embauches s’effectue sans que ni les agences pour l’emploi, ni les journaux, ni les sites spécialisés n’en aient eu connaissance. Lauréat, fin 2015, du premier challenge interne « Y a-t-il un intrapreneur parmi vous ? », le conseiller a lancé la start-up La bonne boîte, spécialisée dans la détection, par métiers et par secteurs, du potentiel de recrutement des entreprises. Convaincu par la pertinence de ses propositions, Pôle emploi a ajouté fin mars le lien labonneboite.pole-emploi.fr en pied de ses offres. Le site, qui compte 2,65 millions d’utilisateurs depuis son lancement, s’attend à voir exploser le nombre de connexions.

« Notre objectif consiste à aider les demandeurs d’emploi à adresser leur candidature spontanée au bon endroit et au bon moment. L’intelligence artificielle permet de mettre en lumière le marché caché du recrutement à partir des données de Pôle emploi, de l’Urssaf et de la base des entreprises françaises. Nous déduisons des embauches effectuées au cours des quatre dernières années les probabilités de recrutement, tous types de postes confondus », explique Éric Barthélémy.

Sans s’être signalées comme telles, les entreprises figurent sur le site dès qu’intervient une probabilité d’embauche. Toutes les déclarations de DPAE (Déclaration préalable à l’embauche) recensées par l’Urssaf sur quatre ans sont remises à jour mensuellement. Quarante millions de DPAE sont enregistrées chaque année, contre 3 à 4 millions d’offres d’emploi. Qu’il s’agisse du remplacement d’un congé maternité, de pics ponctuels d’activité ou de besoins récurrents, des millions d’offres échappent au réseau traditionnel.

Candidatures spontanées

En publiant le nom des employeurs potentiels, La bonne boîte signale l’opportunité d’adresser une candidature spontanée, qui constitue un mode de recrutement particulièrement efficace. Le site indique jusqu’au numéro de téléphone du standard ou le mail du RH, si l’entreprise a déjà formalisé un recrutement à Pôle emploi auparavant.

« En deux ans d’existence, nous n’avons reçu que des retours positifs, tant du côté des demandeurs d’emploi qu’auprès des employeurs. Les entreprises ignorent souvent qu’elles figurent sur nos listes, mais se réjouissent de voir arriver les candidatures au bon moment », assure Éric Barthélemy. Sur 14 millions d’entreprises recensées en France, 700 000 sont référencées sur La bonne boîte. Seules 300 d’entre elles ont demandé à en être radiées, dont certaines se sont ravisées depuis. En cas de disparition, une société figurant sur le site pour avoir procédé à des embauches antérieures ne peut y rester plus d’un mois après son dépôt de bilan, car le renouvellement mensuel des données la fera disparaître. Côté demandeurs d’emploi, le service s’avère particulièrement utile pour les personnes qui ont accompagné leur conjoint dans sa mobilité professionnelle et qui ignorent tout de leur nouveau bassin d’emploi.

Entièrement vouée au service public, La bonne boîte ne monnaie pas ses services et n’intègre aucune publicité. Désormais doté du statut d’intrapreneur chef de projet, Éric Barthémély ne perçoit aucune prime liée à la fréquentation du site, mais se félicite de son évolution de carrière. Il a recruté un associé, également agent de Pôle emploi, dès le démarrage, puis trois développeurs dont deux free-lances et trois collègues spécialisées dans les relations avec les entreprises. La start-up ne pouvait croître que dans le giron de Pôle emploi. Elle y restera fidèle et apporte à sa maison mère une touche d’intelligence artificielle bienvenue et une image rajeunie.

Un pas vers l’État plateforme

Le concours d’intraprenariat interne de Pôle emploi s’inscrit dans le dispositif Start-up d’État, qui vise à insuffler de l’agilité dans l’administration. Une quinzaine d’entreprises créées par des agents déploient de nouveaux services numériques pour fluidifier les relations avec les usagers. Inspirée par l’expérimentation de terrain, la démarche s’inscrit dans l’objectif d’un « État plateforme » basée sur l’open data et les logiciels libres.

Auteur

  • Pascale Braun