La société a signé, le 16 janvier dernier, un accord concernant le droit à la déconnexion. D’une durée indéterminée, l’accord s’applique à tous les salariés, et pour tous les outils numériques, y compris les réseaux sociaux.
« Ah, oui, on a reçu le message ! », s’exclame avec enthousiasme la standardiste, au siège de la société Saint Maclou, spécialisée dans la décoration et basée à Wattrelos, dans les Hauts-de-France. Elle parle de l’annonce aux salariés de l’accord, intervenu le 16 janvier 2018, entre la direction et l’ensemble des organisations syndicales (CFDT et CFTC), sur le droit à la déconnexion et le bon usage professionnel des outils numériques. D’une durée indéterminée, il s’applique à tous les salariés et à tous les outils numériques, y compris personnels et réseaux sociaux. « Il nous remontait du terrain le fait que certains managers ne se mettaient pas de limites eux-mêmes, et imposaient cela aux collaborateurs », explique David Cordani, le DRH de Saint Maclou. « C’était surtout le fait de managers régionaux et de prestataires de services, ces derniers envoyant des e-mails automatiques la nuit, par exemple », explique de son côté Joël Bellia, représentant CFTC dans l’entreprise. Associé à ce phénomène, un autre, encore plus évident : le manque d’attention lors des réunions de la part de participants trop occupés à répondre à leurs e-mails. « Cette hyperconnexion, y compris sur le lieu de travail, est souvent prise comme un microsujet, lié aux outils, pourtant les effets pervers sont réels », assure David Cordani.
Conséquence de cette prise de conscience et de la négociation avec les syndicats – « y compris sur les exceptions à envisager au droit à la déconnexion », précise le DRH – l’accord garantit aux salariés de ne pas être sollicités par e-mails, messages ou appels téléphoniques en dehors de leurs heures habituelles de travail et de ne pas être connectés à un outil de communication professionnel ou personnel pour un motif professionnel durant leur temps de repos et de congés. En outre, Saint Maclou a mis en place une plage de déconnexion, entre 20 heures et 7 heures du matin, les jours ouvrés. L’accord prévoit enfin qu’un salarié ne peut pas être sanctionné s’il n’a pas répondu à un appel, un message, un e-mail, en dehors de ses heures habituelles de travail (hors astreinte).
Intervenu dans une discussion plus large avec les partenaires sociaux sur l’organisation générale du travail, « l’accord fait partie d’un plan d’actions structurant », souligne David Cordani. « C’est une étape, précise pour sa part Joël Bellia. Nous avions besoin de trouver des outils permettant de lutter contre l’absentéisme et le turnover, qui sont des indicateurs de bien-être au travail. Même si les effets positifs d’un tel accord sont difficilement quantifiables, si quelques burn-out sont évités, par exemple, grâce au droit à la déconnexion, ce sera déjà cela. »
Et pour vérifier périodiquement que chacune des parties applique bien l’accord, l’usage des outils numériques sera abordé dans le cadre de l’entretien annuel, grâce à une rubrique supplémentaire sur le droit à la déconnexion. Entre-temps, les salariés se verront remettre un guide, auquel la société met actuellement la dernière touche, et qui listera les bonnes pratiques ainsi que les outils techniques à disposition pour mettre en œuvre la déconnexion. Enfin, le baromètre social de l’entreprise, sous la forme d’une enquête baptisée Elan, qui intervient tous les trois ans, inclura des questions sur l’accord, afin d’en mesurer l’impact. « Mais déjà, dès les négociations, la libération de la parole et la prise de conscience de certaines pratiques et de leurs effets ont fait progresser les choses », se félicite David Cordani.