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Sur le terrain de la formation

Grand Est : L’Aube s’éveille à la formation groupée

Sur le terrain de la formation | publié le : 26.03.2018 | Mathieu Noyer

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Grand Est : L’Aube s’éveille à la formation groupée

Crédit photo Mathieu Noyer

Trois entreprises de transport ont fait cause commune avec Pôle emploi et l’Afpa pour répondre à leur problème commun de recrutement, sur des profils complémentaires.

L’union face à la pénurie. Trois transporteurs de 80 à 250 salariés dans le département de l’Aube ont remisé au placard leur concurrence – toute relative – pour monter une réponse groupée à leur préoccupation commune : la grande difficulté à recruter des chauffeurs, la faute à un « déficit d’image du métier » selon elles.

Cette réponse a pris la forme de la préparation à deux titres professionnels niveau IV de conducteurs de transports de marchandises, par le moyen d’une POE (préparation opérationnelle à l’emploi) puis d’un contrat de professionnalisation. Les huit candidats parvenus au bout du parcours ont tous passé leur diplôme avec succès en mars. À présent, ils sont définitivement embauchés chez TCP, Gamba & Rota ou STTI.

Le processus aura duré moins d’un an, puisque le plan d’action RH commun date de mai 2017. Plusieurs facteurs expliquent la rapidité. Les relations entre les trois PME, tout d’abord. « Nous avons déjà des échanges réguliers entre services RH, sur des sujets comme les modifications dans la convention collective. La nouvelle action s’inscrit dans une continuité », souligne Morgane Baudry, chargée des RH chez STTI. Les dirigeants se sont vite entendus pour demander aux responsables RH de trouver une solution. « La double priorité consistait alors à trouver le financement et l’organisme de formation (OF) partenaire, car l’option de créer notre propre OF agréé s’avérait de toute évidence bien trop lourde », ajoute Martine Freulet, la RRH de TCP.

Sur le premier point, Pôle emploi et l’Opca transports et services ont donné leur accord pour la prise en charge des coûts pédagogiques (soit 13,5 euros de l’heure pour ce qui concerne l’Opca). Sur le second, l’Afpa avait mené avec succès une autre formation pour Gamba & Rota par le passé. Si bien qu’elle a été retenue.

Sélection par la simulation

L’implication de Pôle Emploi a fixé spontanément le cadre : concentrer la recherche de candidats sur les demandeurs d’emploi, les présélectionner par la méthode de recrutement par simulation (MRS) après un entretien de motivation commun avec les trois RRH, puis les faire suivre une POE de trois mois. « La MRS était la voie la plus pertinente en l’absence d’expérience professionnelle dans le transport. Elle a détecté les qualités d’habileté, de sens de l’organisation, de travail méthodique, etc. », relate Emmanuelle Boulard, responsable d’affaires en charge du projet à l’Afpa Grand Est. Sur 50 candidats identifiés, 44 ont passé le test MRS, 20 sont arrivés à la POE et 10 au contrat de professionnalisation de 280 heures, signé en CDI. Un arrêt maladie longue durée et un autre cas particulier en voie de règlement aboutissent au total de huit premiers diplômés.

Les trois entreprises n’ont pas eu de difficulté à se répartir les candidats. « Nos activités sont légèrement différentes, aussi les profils de postes étaient suffisamment variés pour s’adapter aux différents souhaits personnels, entre ceux prêts à rouler toute la semaine et ceux préférant rentrer chaque soir chez eux. Comme nous ne situons pas tous au même endroit, certains ont aussi pu se déterminer en fonction de la proximité avec leur lieu de résidence », décrit Martine Freulet. STTI, de son côté, avait un besoin spécifique pour des manutentions plus physiques.

Le nombre de candidats, en POE puis en contrat pro, a été assez élevé pour permettre à l’Afpa de monter des formations dédiées et de les réaliser en partie dans les trois entreprises à tour de rôle. « Cela a permis aux participants de s’approprier le fonctionnement de leur futur employeur et a enrichi leur vision du métier », observe Emmanuelle Boulard. « Le titre pro élargit les compétences des nouveaux salariés, vers la connaissance des réglementations, des principes de chargement/déchargement, ou encore de la relation client », se félicite Martine Freulet.

Le trio est prêt à reconduire l’expérience qu’il a dénommée « Logi’n 3 Académie », dès lors qu’un nouveau plan de financement extérieur serait construit. Après l’embauche de quatre personnes, TCP annonce être encore en « déficit » d’une dizaine.

Auteur

  • Mathieu Noyer