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Sur le terrain de la formation

Alternance : Les Hauts-de-France boostent l’apprentissage

Sur le terrain de la formation | publié le : 19.03.2018 | Lys Zohin

La région s’est fixée un objectif : passer de 33 000 apprentis actuellement à 50 000 à horizon 2021. Pour cela, les équipes rivalisent d’imagination.

Désindustrialisation, crise économique, chômage : les Hauts-de-France portent encore des stigmates de ces dernières années. Aujourd’hui, pourtant, place à une nouvelle dynamique, fondée notamment sur l’apprentissage, gage d’emplois stables pour les jeunes, et même de mobilité sociale, via la création d’entreprise. Avec un objectif : passer de 33 000 apprentis actuellement à 50 000 à horizon 2021.

Non seulement, les Hauts-de-France ont fait partie, avec quelques autres régions, de l’expérimentation visant à reporter l’âge limite de l’apprentissage à 30 ans, mais elle a également lancé plusieurs initiatives, visant à dynamiser ce mode de formation.

Incitation sous forme de prime

Première mesure appliquée depuis juin 2016 : un coup de pouce de 2 000 euros qui vient en supplément de la prime de 1 000 euros prévue dans le dispositif national pour les entreprises de moins de 250 salariés qui prennent un jeune en alternance. « Ce système apporte une nouvelle lisibilité aux entreprises locales, d’autant que la réduction de la prime nationale sous François Hollande leur était apparue comme contradictoire avec le discours en faveur de l’alternance », commente Denis Jorel, directeur de l’apprentissage à la CCI et directeur du CFA régional Hauts-de-France.

Une équipe de « développeurs »

Deuxième initiative, la mise en place d’une équipe de « développeurs de l’apprentissage » depuis 2017, dont la mission, sous forme d’objectifs, est de porter la bonne parole auprès des entreprises, pour leur faire découvrir le dispositif et les accompagner dans la procédure administrative. « Il n’y a que 6 % des entreprises de la région qui sont engagées dans l’alternance, relève Denis Jorel. Le potentiel de progrès est énorme. »

Un « marketing » ciblé

Associées à ces deux premières initiatives, des opérations de promotion de l’apprentissage, aussi bien auprès des jeunes et de leur famille que dans les établissements scolaires. Ainsi, « nous organisons des mercredis de l’apprentissage, pour informer sur les métiers et favoriser l’orientation », précise Denis Jorel. La région a également lancé dans les CFA du job dating pour mettre en relation apprentis potentiels et entreprises, et enfin, pour les opérations portes ouvertes dans les CFA ou autres, elle a « recruté » des ambassadeurs qui témoignent, aux côtés des entreprises, sur les bienfaits de l’apprentissage. Dernier élément du dispositif, la région propose des sessions d’accompagnement et de formation pour les jeunes apprentis qui voudraient ensuite monter leur start-up.

Autant de façons, donc, de valoriser l’apprentissage. C’est d’ailleurs ce dernier aspect, plus culturel qu’il faut privilégier selon Denis Jorel. Et c’est aussi ce que ce spécialiste attend de la réforme lancée par le gouvernement. « J’imagine déjà un spot publicitaire calqué sur celui de l’armée », déclare-t-il. Une campagne qui met en avant la notion de sens et de destin commun. L’apprentissage comme réponse à la quête des jeunes pour un travail, une place et une évolution dans la société, en somme.

Préparer la relève

« Tout ce qui peut être fait pour stimuler l’apprentissage est une bonne chose », déclare Laurence Bonnet, à propos de la nouvelle réforme. La dirigeante de MRB Caloresco, une société de génie climatique, basée à Raismes, près de Valencienne, accueille actuellement quatre apprentis – environ 14 % des salariés de l’entreprise, supervisés par trois maîtres d’apprentissage et quelques tuteurs supplémentaires. « Nous ne nous concentrons pas sur la question du coût, nous préparons la relève », dit-elle. D’ailleurs, ces jeunes reçoivent plus qu’un salaire et une formation. « Au-delà du savoir-faire, il y a le savoir-être. Certains entrent chez nous à 16 ans et font cinq ans d’apprentissage, nous avons presque un rôle de parents », conclut Laurence Bonnet, qui vient de recevoir la distinction “Pépites de l’alternance” à l’occasion du Salon de l’apprentissage et de l’alternance d’Amiens, en février dernier.

Auteur

  • Lys Zohin