Un bon management des personnes handicapées ne peut qu’être bénéfique pour l’entreprise.
À l’occasion d’une conférence organisée par l’Agefiph (Emploi et aide handicap), en partenariat avec Le Monde, sur le thème de l’emploi et du handicap, le chef de mission des études économiques à la Mairie de Paris, Bachir Kerroumi, a évoqué avec humour son expérience d’aveugle lors de ses études avec des non-handicapés. « J’ai demandé les polycopiés à l’avance, et cela m’a été refusé, raconte-t-il. Du coup, je me suis assis au premier rang et j’ai fixé le prof pendant une heure et demie de cours – il n’a tenu que deux jours ! » S’il faut, clairement, s’imposer lorsqu’on est handicapé, cet expert de la gestion, qui refuse la compassion, veut mettre en avant la valorisation du handicap, notamment au sein des entreprises. « On me sollicite souvent pour des dossiers complexes, fait-il remarquer. Du fait qu’en tant qu’aveugle depuis l’âge de 18 ans, j’ai développé des sensations différentes. Je peux, par exemple, mieux « sentir » une réunion qu’un voyant et avoir aussi une « vision » plus large d’un sujet. Deux éléments essentiels pour la résolution d’un problème… »
Moralité, les entreprises, qui embauchent encore peu de personnes handicapées, auraient tout à gagner en cultivant ces talents différents. C’est ce qu’a cherché à faire Emmanuelle Helleux, DRH pour Nameshield group, une société informatique qui accompagne les entreprises dans la gestion et la sécurisation de leur parc de noms de domaine. Elle a eu toutes les peines du monde à recruter, comme elle le souhaitait, un programmeur handicapé. Certes, le vivier est peu fourni, du fait que, comme le souligne Bachir Kerroumi, le niveau d’études des handicapés est moindre que la moyenne des non-handicapés. Mais les services de Pôle emploi, auxquels cette DRH s’est adressée, sont également mal équipés pour détecter ce type de profil. Autant de pistes, sous forme par exemple de logiciels de « détection de talent », à creuser…
Enfin, souligne Bachir Kerroumi, les entreprises doivent apprendre à manager les personnes handicapées. Il a fait sa thèse de doctorat sur ce sujet et noté que « le management des handicapés est le reflet du management dans son ensemble », dit-il. Bon, le management valorise les compétences de tous – pour le bien de l’entreprise. Mauvais, il éloigne l’entreprise de ses objectifs…