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Le fait de la semaine

Interview : « Si l’on veut revaloriser l’apprentissage, il faut offrir des contreparties »

Le fait de la semaine | publié le : 26.02.2018 | Nathalie Tran

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Interview : « Si l’on veut revaloriser l’apprentissage, il faut offrir des contreparties »

Crédit photo Nathalie Tran

Trois questions à Philippe Autran, DRH chez In Extenso, entité du réseau Deloitte spécialisée dans le domaine de l’expertise-comptable, des services et du conseil aux TPE/PME en France.

Chaque année, In Extenso accueille une centaine d’alternants – apprentis et jeunes en contrat de professionnalisation –, quels sont pour vous les bénéfices de la formule ?

Comme tous les cabinets d’expertise comptable, nous éprouvons quelques difficultés à recruter et fidéliser des jeunes dans nos métiers. L’alternance est un excellent moyen de leur faire découvrir la matière d’autant que nous les accueillons au tout début de leurs études supérieures, en préparation d’un bac + 2 ou d’un bac + 3 en ce qui concerne le DCG (diplôme de comptabilité et gestion). Nous constatons que les jeunes que nous prenons en apprentissage restent plus longtemps dans l’entreprise. Si nous recourons à l’alternance, ce n’est en aucun cas pour des raisons économiques. Notre intérêt est de les garder s’ils sont sérieux et désireux de rester chez nous car nous investissons du temps pour les former et les faire évoluer. Lorsque l’on trouve quelqu’un de qualité et qu’il ne veut pas rester, c’est dur pour nous. Mais former des jeunes et leur mettre le pied à l’étrier, cela fait partie de notre rôle d’entreprise solidaire. Chaque année, In Extenso recrute 1 300 collaborateurs dont 10 % environ d’alternants. L’apprentissage est une voie facilitante, à la fois pour le jeune qui bénéficie d’une formation pratique mais aussi pour l’employeur car elle permet d’identifier des potentiels.

Quel regard portez-vous sur le projet de réforme de l’apprentissage ?

Toutes les mesures qui valorisent l’apprentissage sont positives. Notamment le fait que les jeunes apprentis aient la possibilité de partir à l’étranger avec le programme Erasmus est une excellente chose. Le projet de réforme simplifie le dispositif et lui apporte de la souplesse. Nous pourrons désormais embaucher des apprentis tout au long de l’année et ne plus être contraint par le rythme scolaire. Il arrivait jusqu’ici qu’un candidat se révèle être un bon profil mais que l’on ne puisse pas lui proposer un contrat en apprentissage car ce n’était pas dans le bon timing. Il est important aussi de valoriser nos collaborateurs qui s’investissent pour les former, en plus de leur travail, et doivent composer avec le rythme de l’alternant qui selon l’établissement de formation n’est présent qu’une semaine sur deux ou trois jours sur cinq.

La rémunération des apprentis âgés de 16 à 20 ans devrait être relevée. Cela pourrait-il avoir un impact sur le nombre de vos recrutements ?

L’écart est de 30 euros net par mois. J’ai cru comprendre que la rémunération passerait à 715 euros, au lieu de 685 euros aujourd’hui, cela ne va pas changer beaucoup les choses pour nous. Je pense que si l’on veut revaloriser l’apprentissage et motiver les jeunes à travailler dans nos filières, il faut offrir des contreparties. Cela passe par une reconnaissance, donc une meilleure rémunération et des possibilités d’évolution.

La banque montre l’exemple

Les employeurs du secteur bancaire pratiquent l’alternance de longue date et sont parmi ceux qui accueillent le plus de jeunes en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. À commencer par la Banque de France qui embauche chaque année environ 150 alternants préparant des diplômes de niveaux bac + 3 à bac + 5 au sein de ses diverses entités. LCL recrute également 600 alternants, à partir de bac + 3 sur l’ensemble de l’Hexagone et sur les différentes fonctions de l’entreprise. Mais la palme d’or revient sans conteste à BNP Paribas et Société générale qui forment, chacune, 2 000 étudiants post-bac par an, principalement dans la banque de réseau. L’ensemble des métiers est néanmoins concerné. Rien que dans le domaine informatique, 150 jeunes alternants ont rejoint la Société générale en 2017.

Auteur

  • Nathalie Tran